Même pas prendre le temps de souffler ses 60 bougies et tout plaquer, homme, enfants et petits enfants. Tout plaquer pour enfin vivre comme elle l’entend, comme elle en a décidé. C’est l’histoire de Josy, l’héroïne de cet album signé par la Française Ingrid Chabbert pour le scénario et la Néerlandaise Aimée de Jongh pour le dessin…
Tout le monde est là, son mari bien sûr, ses deux enfants et ses petits enfants, tous réunis pour le fameux gâteau d’anniversaire et les bougies. 60 bougies, soixante printemps en plein hiver. Mais Josy n’a pas l’intention de les souffler. Au lieu de cela, elle annonce à toute sa petite famille qu’elle part.
Sa valise est prête, elle sort le van Volkswagen du garage et la voilà partie sur un air de Bashung, Le Nuit je mens, devant la famille médusée.
Direction l’aventure, enfin pas trop loin quand même, Josy trouve refuge sur une aire de parking où elle fait la connaissance d’une autre naufragée de la route et de la vie, Camélia. La jeune femme vit seule avec son fils de 8 mois dans une caravane après avoir fui un mari volage.
Une histoire d’amitié est née entre Josy et Camélia mais c’est une autre histoire qui attend Josy, une histoire d’amour, une vraie histoire d’amour avec une autre femme. Elle rêvait d’un nouveau départ, elle est servie…
Impossible de ne pas se remémorer Lulu femme nue d’Etienne Davodeau même si l’histoire s’en éloigne avec ce changement – tardif – d’orientation sexuelle pour l’héroïne. Pour le reste, Soixante printemps en hiver est un bel album humaniste où l’on croise beaucoup de femmes et très peu d’hommes, une BD qui nous parle de liberté, d’amour, de sexe, au-delà des tabous, au-delà de la bienséance imposée par la société patriarcale, le tout avec une mise en images classique mais pleine de charme réalisée par la talentueuse Aimée de Jongh, auteure précédemment de Jours de sable, Le Retour de la Bondrée ou encore Taxi!.
Eric Guillaud
Soixante printemps en hiver, d’Aimée De Jongh et Ingrid Chabbert. Dupuis. 23€