Abuser des séries américaines télévisées peut-il nuire à la santé ? À défaut d’avoir la réponse, Loïc Guyon a pris le parti de s’en amuser dans son nouvel album avec un personnage complètement accro à une série ringarde qui va littéralement faire irruption dans son quotidien de petit Français ordinaire..
« Un gros clown attardé qui casse la gueule aux méchants ennemis des Ricains … De la pâtée pour demeurés ». Oualid est formel, L’Américain est une série pour ceux qui n’ont par le cerveau arrivé à maturité.
Oui mais voilà, son pote Francis adore cette série. Il n’en loupe pas un épisode. Pire encore, lorsqu’il n’est pas scotché devant son téléviseur, il refait les épisodes précédents autour d’un verre avec Marvin, le troisième larron de la bande. De quoi exaspérer sa petite amie Claire qui travaille pour deux et le supplie tous les jours de chercher un boulot.
Mais non, Monsieur attend de trouver l’inspiration pour écrire son chef-d’oeuvre. Alors forcément, c’est un peu tendu à la maison.
« Je pensais emménager avec toi, Francis ! Pas avec L’Américain »
Sur l’oreiller, Francis promet à Claire de faire un effort. Mais L’Américain, comme par magie, sort du petit écran, sonne à la porte de l’appartement de Francis et lui confie une malette à protéger coûte que coûte pendant que lui continue à combattre les méchants ennemis des États-Unis, arabes, nazis et autres communistes…
Avec cet album sorti en avril dernier, son premier en tant que dessinateur ET scénariste, Loïc Guyon s’amuse de l’addiction que provoquent certaines séries, notamment américaines, en confrontant deux univers, les super-héros d’un côté, défenseurs de la veuve et de l’orphelin, gardiens d’une certaine idée de l’Amérique, et les héros à l’européenne, plus proches de la réalité du monde. On rit beaucoup en suivant le super-héros et ses aventures explosives et surréalistes, on rit aussi avec Francis et son côté anti-héros, à côté de la plaque, sur son nuage.
On rit mais bien évidemment L’Américain est aussi une critique virulente de l’Amérique vendeuse de rêves et de fantasmes.
Coté graphisme, L’Américain surprend par sa mise en page ultra-dynamique avec des dessins façon illustrations, libérés du gaufrier et du carcan des vignettes, un style graphique ou plus exactement deux styles graphiques qui se répondent selon que l’on est dans les aventures du super-héros ou celles de Francis, un trait vif dans les deux cas. Un album largement recommandé à l’arrivée !
Eric Guillaud
L’Américain, ce Loïc Guyon. Éditions Sarbacane. 26€