Après Nada, La Princesse du sang et, Fatale, Max Cabanes poursuit son exploration, mieux son appropriation de l’univers de Manchette avec jamais très loin de lui Doug Headline, le propre fils de l’écrivain, pour un résultat bien évidemment savoureux…
Eugène Tarpon, ça vous cause ? Les prostituées du quartier l’appellent Bogart mais pour être franc Tarpon n’a pas vraiment la classe de l’acteur. Non, Tarpon serait même tout le contraire. Dans la vie, Tarpon était gendarme. Jusqu’à ce qu’il tue un manifestant. Une bavure. Depuis, il joue au détective privé. Il a ouvert son propre cabinet du côté du quartier des Halles à Paris mais les clients ne se battent pas devant la porte. Les enquêtes se font rares, un divorce par-ci par-là, un comptable qui ne sait plus compter… de quoi perdre la foi et décider un beau jour de tout quitter pour retourner chez sa maman.
C’est à ce moment précis que débarque une jeune et jolie fille dans son bureau répondant au doux nom de Memphis Charles. Sa colocataire a été égorgée. Et plutôt que d’appeler les flics qui pourraient l’accuser du meurtre, elle déboule chez Eugène… qui aurait été bien inspiré de ne pas mettre son nez là-dedans. Mais bon, on ne se refait pas…
Vous dire que l’adaptation est ici fidèle ou pas, j’en serais fichtrement bien incapable pour la simple et bonne raison que je n’ai pas lu les livres de Jean-Patrick Manchette et notamment ceux mettant en scène le personnage de Tarpon (je sais c’est mal!), à savoir Morgue pleine et Que d’Os!. Mais l’album, et c’est bien ici ce qui nous importe, est un très bon polar, haut en couleurs mais sacrément noir dans le fond, alliant un scénario dense, et un peu bavard à mon goût, une voix off, celle du héros, omniprésente, une ambiance années 70 bien sentie, un trait vif, sanguin, et bien sûr un personnage principal au charisme de fou, un mec qu’on a envie de suivre plus longtemps.
Après Nada, La Princesse du sang et, Fatale, Max Cabanes poursuit avec bonheur son appropriation de l’univers de Manchette. Doug Headline, le propre fils de l’écrivain, n’est pas crédité en couverture mais a bien mis la main à la patte ou le doigt sur la gâchette pour aider à l’adaptation de Morgue pleine comme il l’avait fait sur les adaptations précédentes. C’est racé, c’est violent c’est bon, très bon, à en souhaiter l’adaptation rapide de Que d’Os!. En attendant, vous pouvez ranger les flingues et courir chez votre libraire le plus proche.
Eric Guillaud
Morgue pleine, de Cabanes et Manchette. Editions Dupuis. 22€