07 Sep

La BD fait sa rentrée. Bob Morane est de retour en BD pour sauver le monde et ses fidèles lecteurs avec lui 

Alors que son créateur Henri Vernes vient de tirer sa révérence (à 102 ans !), « le vrai héros de tous les temps » Bob Morane, lui, revient en BD après une absence de cinq ans. Et ici, après une modernisation ratée, retour aux fondamentaux !

Il aura juste eu le temps d’écrire la préface. Quelques mois seulement son décès, l’ex-journaliste et prolifique auteur a donc pris sa plume pour passer le témoin en quelque sorte aux scénaristes Christophe Bec et Corbeyran et au dessinateur Paolo Grella et saluer en eux de « vrais lecteurs de Bob Morane ». Un petit texte imprimé en préambule de ce ‘reboot’ en quelque sorte de la série – un beau ‘1’ s’affiche sur la tranche – qui donne le ton, avec justesse.

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que cette nouvelle aventure a lieu en 1952, le tout premier roman de Bob (à l’époque on disait plutôt ‘Robert’) Morane La Vallée Infernale ayant été publié par Marabout Junior en 1953. Tout comme le fait que style de Grella est ouvertement très proche de celui de William Vance, aux manettes entre 1968 et 1979, période à laquelle la série était au sommet de sa popularité.

© Soleil / Bec, Corbeyran, Grella et Gérard

L’objectif est ici clair : retrouver ce même mélange d’aventures exotiques, de pulps et de science-fiction, un peu rétro mais avec une noirceur supplémentaire assumé. Et histoire de bien enfoncer le clou, on a même convoqué pour l’occasion l’ennemi numéro un du héros, l’Ombre Jaune dont les traits ici plus proches que jamais de feu l’acteur Yul Brunner. Aux couleurs, Sébastien Gérard donne aux montagnes et aux forêts d’Indochine où l’action se déroule une teinte verdâtre et mystérieuse. Bref, c’est plutôt réussi.

Certes, après une longue introduction, il y a quelques raccourcis et la conclusion est, disons, un peu précipitée (manque de pagination ?), tout comme ce virage à 90° dans l’horreur cosmique en fin parcours pas très bien négocié. Mais Les 100 Démons de L’Ombre Jaune assume son côté série B à l’ancienne. Et au diable le réalisme ! Le plaisir que l’on a toujours tiré de ce type de héros comme Bob Morane ou Doc Savage sortant vainqueurs des pires vilenies est avant tout un plaisir de gamin et là, on est servi. Accessoirement, on sent aussi l’aventurier enfin de retour sur de bons rails après quelques errements et ça promet pour la suite, ta ta ta !

Olivier Badin

Les 100 Démons De L’Ombre Jaune, de Christophe Bec, Corbeyran, Paolo Grella et Sébastien Gérard. Soleil. 14,95€

© Soleil / Bec, Corbeyran, Grella et Gérard