Ce duo-là nous avait déjà subjugué en 2017 avec l’album Indeh qui revenait sur le destin tragique des Apaches. Il nous bluffe à nouveau avec ce polar chaud bouillant, une histoire de voyous mais aussi une histoire de famille et d’amour filial…
L’affiche trône comme un trophée juste au-dessus de son lit. Une fierté. SA fierté ! Et pour cause, elle annonce une rencontre au sommet entre Domingo « Ringo » Rojas et Jack « Meadowlark » Johnson, son père, un champion de boxe, un vrai fauve… à l’époque.
Aujourd’hui, Meadowlark a raccroché les gants et la hargne qui va avec. Il est devenu gardien de prison. Ça ne nourrit pas vraiment son homme. Ça fait d’ailleurs un bail qu’il n’a pas payé la pension alimentaire pour son fiston justement, Cooper de son prénom, qu’il voit de temps en temps quand tout va bien.
On ne peut pas dire que tout aille bien ce matin-là quand il déboule chez son ex. Non seulement, Cooper a piqué les roues de la Firebird qui sert désormais au beau-père qu’il déteste, mais il s’est fait virer de l’école.
« J’ai fait tomber un joint de mon sac pendant le cours de M. Pikett. Et ils en ont trouvé d’autres dans mon casier… Et de l’acide ».
Bon, pas de quoi l’emmener en prison me direz-vous, il va pourtant y faire un passage ce jour-là, mais simplement pour accompagner son père au boulot. Au mauvais endroit, au mauvais moment, une émeute éclate dans un des blocs de la prison, des gardiens sont tués, des prisonniers s’évadent…
« Je dois mettre ces sauvages hors d’état de nuire », s’exclame Meadowlark. « Tu te prends pour qui ? Le shérif de Dodge City ? », lui rétorque Cooper.
Et voilà nos deux héros embarqués dans un mauvais roadtrip, une sale histoire qui révélera de sombres secrets et qui ne finira pas, bien évidemment, comme un conte de fées…
Décidément, la collaboration entre le dessinateur Greg Ruth et le réalisateur, acteur, écrivain et scénariste Ethan Hawke est des plus payantes. Après le magnifique Indeh publié en 2017 aux éditions Hachette Comics, ils nous offrent ici un thriller noir en même temps qu’un mélodrame familial. L’atmosphère est lourde, poisseuse, ça suinte à toutes les cases, un récit intense, un découpage efficace, un graphisme réaliste toujours aussi percutant, des dialogues qui vont à l’essentiel et des personnages à fort caractère, Meadowlark relève du genre génial et indispensable.
Eric Guillaud
Meadowlark, de Greg Ruth et Ethan Hawke. Robinson. 22€