13 Août

Pages d’été. Comme une envie de mettre les voiles ?

Été capricieux, épidémie qui joue les prolongations, il y a des moments où on aimerait être ailleurs, embarquer pour l’aventure sous d’autres horizons. En attendant, voici déjà quatre albums qui vont vous permettre de lever l’ancre sans bouger le petit doigt…

Si je vous dis HMS Bounty, forcément ça vous cause. L’une des mutineries les plus célèbres de l’histoire maritime mondiale. Alors que le trois-mâts de la Royal Navy se trouve dans le Pacifique sud le 28 avril 1789, ses marins s’emparent du navire et abandonnent sur une chaloupe le capitaine Bligh ainsi qu’une vingtaine de marins qui lui sont restés loyaux. Bligh parvient à rejoindre l’Angleterre. Maintes fois porté à l’écran, adapté en roman ou en bande dessinée, cet épisode tragique est ici raconté sous un angle singulier, celui du capitaine Bligh visité par un journaliste du Times désireux d’enquêter sur l’affaire. Tous deux doivent embarquer sur l’un des bateaux de la flotte de Spithead mais là encore une mutinerie les en empêche, la mutinerie de la Nore. Les marins réclament de meilleures conditions de travail et une revalorisation de leur solde. Les représailles sont sanglantes. Un très bon scénario basé sur le personnage bien réel du capitaine Bligh et de magnifiques planches réalisées en couleurs directes. (Capitaine Bligh, de Fabrice le Hénanff. Robinson. 14,95€)

Publié en octobre 2020 aux éditions Glénat, le premier volet de ce dytique nous raconte la vie de l’un des pirates les plus célèbres des océans, Edward Teach, plus connu sous le nom de Barbe Noire, Blackbeard en anglais. Quand je vous aurais dit que l’auteur Jean-Yves Delitte est peintre officiel de la Marine, membre titulaire de l’Académie des Arts & Sciences de la mer, qu’il a réalisé précédemment les aventures de Black Crow, relaté l’histoire du Belem, de la frégate Hermione ou encore, on y revient, la mutinerie de la Bounty, vous aurez compris qu’on n’a pas affaire là à un marin d’eau douce. Black Beard, dont le deuxième volet est annoncé pour octobre prochain est du genre essentiel pour tous les amoureux de la mer et de la marine. (Black Beard tome 1, de Jean-Yves Delitte. Glénat. 13,90€)

Cette nouvelle série, dont le premier tome est sorti en mars, n’offre pas à proprement parler un récit d’aventure maritime. O’Sullivan est plus exactement l’histoire d’un écrivain venu s’isoler sur la terre de ses ancêtres quelque part en Irlande pour écrire son nouveau livre. Il se remémore l’histoire de Mary-Maë, embarquée en mai 1847 sur le Janet Johnson avec l’idée de fuir la famine. Direction le Nouveau Monde, le Canada en l’occurrence, mais avant de pouvoir commencer une nouvelle vie, la jeune femme va devoir supporter les conditions de vie effroyables à bord du bateau, échapper au tiphus et survivre au centre d’observation pour les nouveaux migrants où le nombre de morts dépasse celui des vivants. O’Sullivan est l’histoire d’une femme du 19e siècle qui rêve d’un monde meilleur pour son enfant et est prête à tout pour y arriver, à commencer par braver les océans. Bon scénario, bon dessin, bon premier volet. (O’Sullivan,de Rodolphe etMarc-Renier. Delcourt. 14,95€)

Retour sur un mystère, la disparition des navires de l’expédition de La Pérouse. Nous sommes en 1788. Après un périple de deux années à travers le Pacifique, les frégates L’Astrobale et La Boussole atteignent l’Australie en janvier 1788 d’où La Pérouse envoie une lettre annonçant son retour en France pour le mois de décembre. Mais l’expédition ne donne plus de nouvelles à partir de ce moment-là. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait. 40 ans plus tard, le commandant Peter Dillon se fait remettre par un indigène de l’île de Tikopia une garde d’épée ayant visiblement appartenu à un officier de marine européen. C’est le début d’une longue enquête qui lui permettra au final de ramener en Europe divers objets et de lever un coin du voile sur la disparition des navires. Avec son trait simplifié et racé, Boris Beuzelin nous raconte avec brio l’une des plus grandes énigmes de l’histoire maritime. (Peter Dillon, de Boris Beuzelin. Glénat – Treize Étrange, 17,50€)

Eric Guillaud