26 Juil

Pages d’été. Quelques lectures SF en attendant le retour de Metal Hurlant

C’est la grande et bonne nouvelle de l’année, le magazine Metal Hurlant fera son retour en kiosque en septembre. Pour nous parler de quoi ? Du futur bien sûr, comme il a si bien su le faire par le passé, plus précisément dans les années 70, 80 et dans une moindre mesure, 2000. Histoire de patienter, voici une petite sélection de récits SF à déguster sous le soleil exactement…

On commence avec Terrarium dont le premier volet est sorti début juin aux éditions Glénat. Ce manga repéré par les libraires français lors d’un voyage au Japon organisé à l’occasion des 50 ans de la maison d’édition, est un petit bijou graphique et poétique qui nous embarque dans un monde en ruine, dévasté par la guerre, où déambule un tandem bien étrange, Chico, technologue d’investigation, et son petit frère Pino. Tous les deux explorent ce monde ou du moins ce qu’il en reste, une succession de colonies délabrées où les robots poursuivent inlassablement leurs tâches, ici soigner des êtres humains réduits à l’état de squelettes depuis longtemps, là distribuer du courrier à des destinataires qui ne sont plus en état de lire quoi que ce soit. L’auteur, Yuna Hirasawa, explique en post-face répondre ici à certaines des interrogations qu’il avait à l’adolescence. Qu’est-ce qu’être humain ? Qu’est-ce que vivre ? Qu’est-ce que je suis ? Tout un programme. Vous avez tout l’été pour y réfléchir. Ramassage des copies à la rentrée. (Terrarium, de Yuna Hirasawa. Glénat. 7,60€)

2072. L’humanité a été décimée par une bactérie. Seuls 2746 hommes et femmes ont survécu, entassés dans une tour gigantesque du côté de Bruxelles, une tour indestructible, gérée par une intelligence artificielle et conçue pour être en totale autonomie alimentaire et énergétique. Mais, la vieille dame de 80 étages et de 30 ans d’âge commence à grincer de part et d’autre. À l’extérieur, le monde urbain est envahi par la végétation et les animaux sauvages. À l’intérieur, des tensions naissent entre les « anciens » qui ont connu le monde avant la bactérie et les « intrus » nés dans la tour et pas franchement prêts à accepter les règles imposées par leurs ainés. Pour ceux qui aiment les récits SF post-apocalyptiques dans le sillage du mythique Transperceneige… (La Tour, de Kounen, Mr Fab et Ladgham. Comix Buro / Glénat. 14,95€)

Si la Terre a été dévastée dans Sélénie, ce n’est pas dû à une bactérie, ni à un virus, mais à un envahisseur extraterrestre. À la différence de La Tour, les survivants ont trouvé refuge sous un immense dôme posé sur la face cachée de la Lune. Alors que certains d’entre eux envisagent d’envoyer une navette en mission d’observation sur la Terre, pour évaluer le danger encore potentiellement présent, un vaisseau sorti de nulle-part se scratche à quelques encablures du dôme. Espérant qu’il vienne de la Terre, Méliès, Verne et Sélénie montent une expédition pour le retrouver…  Si je vous dis que l’auteur de ce récit complet est Fabrice Lebeault, celui-là même qui a signé la série Horologiom, vous allez tout de suite vous imaginer un univers totalement singulier et dingue. Et c’est le cas. Sélénie est un bijou d’imagination tant au niveau de la galerie des personnages que du bestiaire et du design des engins spatiaux. En bonus : un cahier réunissant les recherches graphiques de l’auteur. Que du bonheur ! (Sélénie, de Fabrice Lebeault. Delcourt. 15,95€)

Inspiré à la fois par la conquête spatiale et le poids de l’image dans notre société contemporaine, Phobos nous embarque pour une épopée spatiale à forte dose de romance mais aussi de critique sociétale. Aux manettes de cette adaptation du best-seller de Victor Dixen, Victor Dixen lui-même pour le scénario et Eduardo Francisco pour le dessin. L’histoire ? Cap Canaveral a été racheté par Atlas Capital et sert dorénavant de base de lancement à une émission de télé-réalité  dont le principe est simple : six filles et six garçons dans le même vaisseau, six minutes chaque semaine pour se rencontrer et plus si affinité, l’éternité pour créer la première colonie sur Mars. Et tant pis si tout ne se passe pas comme annoncé… (Phobos tome 1, de Francisco et Dixen. Glénat. 16,90€)

Un petit format pour une grande aventure et un grand auteur ! Après Orignal, La Cire moderne, Bâtard ou encore Simon et Louise, Max de Radiguès est de retour et s’attaque cette fois à la SF. Et sans surprise, avec un égal bonheur. Alerte 5 raconte comment une attaque terroriste commise contre un vol habité déclenche le passage en alerte 5, le niveau maximum en matière de sécurité, sur tous les sites et dans toutes les missions en lien avec les agences spatiales. Sur la base martienne, les cinq astronautes reçoivent les consignes face aux menaces extérieures mais aussi intérieures. L’un d’entre eux, Amir, est musulman et donc suspect aux yeux de l’administration… De la SF comme vous n’en verrez pas beaucoup usant d’un contexte très contemporain, les attentats islamistes et les réflexes racistes. Une histoire singulière, un dessin simple, minimaliste, mais rudement efficace ! (Alerte 5, de Max de Radiguès. Casterman. 15€)

On termine avec un manga haut en couleurs, Comet girl, une histoire en deux volumes publiée par Casterman et signée de la jeune mangaka Yuriko Akase. Il s’agit là d’une première oeuvre largement imprégnée des productions japonaises des années 80. Les amateurs du genre ne manqueront pas de relever les nombreuses références à cet âge d’or et d’apprécier cette histoire en forme de space opéra mettant en scène Sazan, un jeune Terrien, agent de voirie interplanétaire, et Mina la fille-comète qui abriterait en elle une énergie folle que beaucoup de pirates de l’espace et autres personnages maléfiques aimeraient s’approprier. Tel le puissant Agurda qui projette d’attaquer la Terre et d’y installer son autorité… Frais et  coloré. (Comet girl, d’akase Yuriko. Casterman. 11,95€ le volume)

Il devrait être beau le bébé. 288 pages dont 225 d’histoire courtes en BD et 60 d’articles et interviews, voilà ce qui vous attend en septembre dans le premier numéro de ce Metal Hurlant nouvelle génération qui tournera autour de la thématique « near futur ». Qu’est-ce qui nous attend dans un futur proche ? Quel sera notre habitat en 2025 ? Pourquoi est-il nécessaire de se reconnecter à la nature pour survivre ? Autant de questions qui y seront abordées avec des interviews d’artistes, de scientifiques, d’écrivains, de designers et de chercheurs. Et en couverture : une illustration d’Ugo Bienvenu, auteur du très remarqué Préférence système paru chez Denoël Graphic. Souhaitons un futur le plus long et le plus heureux possible à cette nouvelle mouture ! (Plus d’infos ici)

Eric Guillaud