Avocat ou footballeur, sauveur de princesses ou vendeur d’aspirateur, coach en tennis de table ou hypocondriaque, voici une galerie de personnages des plus savoureux qui pourraient bien remettre d’équerre vos zygomatiques en ces temps de covid…
Hitler, Pinochet, Khadafi, Dutroux, Ben Laden, Kim Jong-un, Hannibal Lecter, Dupont de Ligonnès ou encore Charles Manson… Des noms à vous coller l’angoisse pour perpète et au-delà. Sauf pour lui, lui l’avocat du diable, toujours prêt à défendre l’indéfendable, à faire passer un crime contre l’humanité pour une petite erreur de jeunesse, à mettre en avant l’artiste qui sommeille chez le plus ignoble et sanguinaire des dictateurs. Avec ses airs à la Jacques Vergès, le personnage de Tehem enchaîne les plaidoiries loufoques, ce qui ne manquera pas de rappeler aux plus anciens d’entre nous Le tribunal des flagrants délires, fameuse émission radiophonique satirique des années 80. Cent strips pour rire ! (Avocat du diable, de Tehem. Delcourt. 9,95€)
« Il ne joue pas dans les plus grands stades du monde, il ne touche pas un salaire mirobolant, il ne couche pas avec des top-models, il n’est pas l’égérie d’une grande marque, c’est… le footballeur du dimanche ». En une page et quelques lignes, le décor est planté. Après le vélo, Tronchet nous parle du football, du vrai football, celui qui se joue loin des caméras de télévision et des enjeux financiers. Avec son humour et son trait taillé à la serpe, l’auteur des fameux Raymond Calbuth, Les Damnés de la terre associés ou encore de La bite à Urbain enfile le maillot et chausse les crampons, comme il le fait tous les week-ends, pour nous embarquer dans un monde de passionnés. Une belle déclaration d’amour au ballon rond en une cinquantaine de pages et autant de gags. (Footballeur du dimanche, de Tronchet. Delcourt. 12,50€)
L’avantage avec Tebo, c’est qu’on en a généralement pour son argent, en l’occurrence ici un peu plus de 12 euros. L’auteur de Samson et Néon et de Captain Biceps poursuit son exploration de l’humour tendance déjanté et un brin scatologique avec Raowl dont voici le deuxième volume. Rien que le titre est un poème à lui seul, Peau d’âne, la princesse qui pue. Et c’est vrai qu’elle pue, une odeur de truite disent certains. De quoi passer inaperçue auprès de Raowl, sauveur en chef de princesses en détresse. Mais l’arrivée d’une nouvelle reine au château, maniaque de la propreté et prête à tout pour donner un bain à Peau d’âne oblige Raowl à intervenir… Et ça fait mal ! Tordant. (Raowl, Peau d’âne, la princesse qui pue, de Tebo. Dupuis. 12,50€)
« Qu’est-ce que l’homme ? D’où venons-nous? Depuis quand existons-nous et comment avons-nous fait pour nous élever au-dessus de toute autre créature. Et pourquoi, au terme de millions d’années d’évolution, sommes-nous toujours aussi cons ? » voilà voilà, Ralf König a toujours le chic pour poser les bonnes questions… et accessoirement y répondre. En quelque 200 pages, l’auteur allemand nous rejoue l’évolution de l’humanité en plongeant deux spécimens particulièrement gratinés d’homo sapiens au milieu d’une colonie de chimpanzés quelque part en Afrique au temps du pléistocène, il y a plusieurs millions d’années. Le choc des cultures… (Homo Erectus, de Ralf König. Glénat. 27,50€)
Le premier tome avait cartonné. Le second, sorti en octobre dernier n’a pas fait moins. Faut pas prendre les cons pour des gens figure parmi les best-sellers de la bande dessinée d’humour avec plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires vendus à chaque fois. Et que nous racontent Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud dans les pages de cet album ? La vie, tout simplement, mais la vie du côté absurde, où les déambulateurs sont devenus des armes de 2e catégorie, où le sigle HEC ne signifie plus Hautes Études Commerciales mais Hautes Études de Clochard, et n’y rentrent pas qui veut, où un couple de Parisiens parvient à faire construire un mur antibruit sur le littoral pour se protéger du bruit des vagues, où l’on soigne les bronchites en mangeant du poulet. Absurde, complètement absurde mais génial, tellement génial, Faut pas prendre les cons pour les gens pose un regard acide sur notre monde, de quoi faire passer les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. (Faut pas prendre les cons pour des gens 02, d’Emmanuel Reuzé. Fluide Glacial. 12,90€)
Lui aussi a fait un carton dès son premier volet sorti en mai 2018. Énorme le carton, aussi énorme que le personnage principal, le fameux Jacques Ramirez, qui n’a rien d’un super héros, rien d’un héros tout court, expert en aspirateurs chez Robotop le jour, suspecté d’être un assassin la nuit et surtout d’être impliqué dans un attentat contre sa propre société Robotop. Pourchassé par la police mais aussi par les hommes de main d’un dangereux cartel, Ramirez n’a plus le choix : il doit fuir. Jubilatoire ! (Il faut flinguer Ramirez, de Petrimaux. Glénat. 22,95€)
Dans le même esprit tarantinesque, voici Valhalla Hotel de Pat Perna et Fabien Bedouel chez Comix Buro, 64 pages d’action et autant de franche rigolade autour d’une galerie de personnages atypiques et de situations pour le moins décalées. Tout commence sur une route désertique du Nouveau-Mexique, Lemmy et son coach Malone sont en route pour la finale régionale du championnat de tennis de table d’Albuquerque quand leur voiture, une fiat 500, tombe en panne. En attendant de rejoindre un jour peut-être Albuquerque, nos deux protagonistes vont avoir tout le loisir de découvrir la charmante bourgade de Flatstone où se trouve le garage le plus proche. Flatstone, son shérif, homophobe et rustre, sa forte communauté allemande, son schnaps local et son motel, le Valhalla Hotel, tenu par Frau Winkler. De quoi passer un séjour au calme ? Pas tout à fait… (Valhalla Hotel, de Perna et Bedouel. Comix Buro – Glénat. 14,95€)
Raconter son hyper-anxiété et parvenir à en faire rire ou du moins sourire, c’est le pari osé mais réussi de Théo Grosjean avec sa BD L’Homme le plus flippé du monde née sur les réseaux sociaux avant d’être adaptée en album. Et ça marche fort. Preuve en est son nombre d’abonnés sur Instagram, près de 150 000, preuve en est aussi l’accueil réservé aux deux tomes aujourd’hui disponibles en librairie. Comment expliquer ce succès ? Tout simplement parce que l’homme le plus flippé du monde tient autant de Théo Grojean que de nous tous. Qui ne s’est jamais senti mal à l’aise dans une soirée festive au point de se débiner discrètement ? Qui n’a jamais paniqué à l’idée de prendre la parole en public ? Qui n’a jamais tremblé devant le mot cancer ? Qui n’a pas la fin du monde au moment du premier confinement ? Bon, Théo Grosjean cumule toutes les angoisses du monde, on appelle ça de l’anxiété généralisée. Pour lui, comme pour nous, L’Homme le plus flippé du monde a au final quelque chose de thérapeutique. Essentiel ! (L’Homme le plus flippé du monde Tome 2, de Théo Grosjean. Delcourt. 15,50€)
Eric Guillaud