27 Juil

Pages d’été. Dans mon village, on mangeait des chats, ou la génèse d’un voyou racontée par Philippe Pelaez et Francis Porcel

Bon, autant le dire tout de suite, les amis des bêtes, et notamment des félins, ne seront effectivement pas à la fête au début du récit mais les choses auraient tendance à s’arranger par la suite. Enfin, pas pour tout le monde…

Sous ce titre aussi énigmatique que féroce, mais qui trouve son explication dès les premières pages de l’album, se cache l’histoire d’un voyou ou plus précisément le récit de son parcours initiatique.

Il faut dire que tout commençait mal pour Jacques, le voyou en question. Un père routier souvent absent, toujours violent, une mère qui vend ses charmes à droite et à gauche… le tableau familial n’avait effectivement rien de reluisant.

Et Jacques le supportait de moins en moins, comme il supportait de moins en moins la violence, celle du père bien sûr, celle du maire aussi, oui le maire du village, charcutier le jour, tueur de chats la nuit, une matière première gratuite pour les pâtés qu’il vendait aux petites mamies du coin. Si elles avaient pu se douter ! Jacques, lui, savait.

Une vraie saloperie ce charcutier. Jacques accepta pourtant, un peu forcé par son père, de devenir son apprenti avant de le liquider. Un coup de surin bien placé. Pour le charcutier et les villageois, finis les pâtés de chats. Pour Jacques, direction l’ISES, une institution spécialisée d’éducation surveillée où il continua à apprendre la vie, faire des rencontres et se glisser peu à peu dans la peau d’un voyou, jusqu’à devenir un ponte de la pègre locale.

« L’enfance décide de notre futur, elle oriente notre vie d’adulte », explique le scénariste Philippe Pelaez. C’est précisément ce qu’il a voulu mettre en images à travers cette histoire même s’il se défend de vouloir faire passer un message. On ne naît pas voyou, de même on ne le devient pas sans un terreau favorable. Le style est là avec un narrateur homodiégétique (c’est le héros lui-même qui raconte l’histoire), un graphisme délicieusement noir signé de l’Espagnol Francis Porcel et des atmosphères plutôt lourdes déconseillées aux estomacs fragiles.

Eric Guillaud

Dans mon village, on mangeait des chats, de Philippe Pelaez et Porcel. Grand Angle. 16,90€

© Grand Angle / Pelaez & Porcel