Quel est le point commun entre un hypocondriaque replié sur lui-même et une artiste engagée ouverte sur le monde ? Ne cherchez pas, il n’y en a pas. Pourtant, Arthur et Sandrine vont être amenés à se croiser et à unir leurs personnalités opposées pour penser le monde autrement et éveiller les consciences…
Ne lui parlez surtout pas de maladie, Arthur est hypocondriaque à un stade avancé. Entre ses mains qui picotent, ses pointes au coeur et ses douleurs à la tête, Arthur a toujours une bonne raison de s’inquiéter, de s’imaginer le pire, se monter un scénario catastrophe comme il dit, dans le genre « un symptôme insignifiant qui cache un truc gravissime ».
Pour se soigner, Arthur n’a rien trouvé de mieux que de rejoindre un groupe de soutien aux malades en fin de vie, de quoi l’aider à apprivoiser l’idée de la mort, lui a dit son psy. Un hypocondriaque qui aide les malades, l’affaire est quand même loin d’être banale ! Peu banale aussi est la situation en ville. Depuis quelques jours, Arthur a remarqué les traces laissées par le passage d’un monstre, ici un coup de griffe, là une empreinte géante et même un arbre à moitié dévoré dont une des branches à failli choir sur la tête du héros de cette aventure. De quoi se poser de sérieuses questions !
Et des questions, il va s’en poser notre Arthur, jusqu’à ce qu’il rencontre Sandrine, l’artiste à l’origine de cette mise en scène, de cette installation artistique, car oui il s’agit d’une installation artistique qui a pour ambition de réveiller les gens, d’éveiller les consciences. Et contre toute attente, Arthur se retrouve mêlé à l’affaire et pourrait bien lui-aussi bénéficier d’un éveil au monde.
Après Les larmes du seigneur afghan, Les Petites gens, Macaroni ! et Magritte, Ceci n’est pas une biographie, le tandem Zabus – Campi se reforme autour de cette très belle histoire imprégnée d’une atmosphère semi-réelle, semi fantasmagorique. On y parle d’éveil des consciences et d’engagement autour de deux personnages attachants mais aux personnalités totalement opposées. On y parle aussi de l’art, du street art plus spécifiquement, et de sa place dans notre société. On y parle enfin d’une quincaillerie, un lieu véritable et éphémère de Bruxelles qui, pendant des mois, a été le refuge de gens engagés désireux de partager leur vision du monde. Un récit poétique, sensible et drôle !
Eric Guillaud
L’Eveil, de Zabus et Campi. Delcourt. 17,95€