02 Fév

Creepy volume 3 ou trois fois Plus d’horreur !

Prenez n’importe quel artiste américain versant dans l’horreur et le fantastique depuis les années 70 (ça peut aller du réalisateur John Carpenter à l’écrivain Stephen King) et grattez un peu, vous verrez qu’ils ont souvent tiré leur inspiration du même terreau culturel. Un terreau dans lequel ils plongèrent tous adolescents à pieds joints ; histoire d’échapper à la alors très corsetée et puritaine Amérique des années 60. Une foutue auberge espagnole ce terreau, où aux côtés des films de la firme Hammer en Angleterre, on retrouve en bonne place les magazines Creepy et Eerie.

Fils spirituels de The Crypt Of Terror et autres Tales From The Crypt, qui avaient ouvert la voie une décennie avant, les magazines Creepy et Eerie ont profité d’un relatif relâchement des mœurs pour aller encore plus loin graphiquement et conceptuellement.

Mais ce qui a aussi fait leur renommée, c’est leur éditeur depuis 1964, James Warren. Une véritable légende dans le milieu et un sacré marlou qui a eu un sacré pif pour donner sa première chance à de futurs grands noms de la BD mais aussi pour débaucher quelques plumes déjà confirmées, comme par exemple Gil Kane (Green Lantern) ou Steve Ditko (Spider-man, Doctor Strange). Mais le nom qui reste éternellement associé à Creepy et Eerie, c’est celui de Frank Frazetta, immense illustrateur qui se chargeait souvent de la couverture et dont les peintures iconiques et racées ont modelé l’imaginaire populaire de l’heroic fantasy et plus d’atterrir sur les pochettes de quelques fameux disques de rock des années 70 comme le premier album de Molly Hatchet par exemple.

© Delirium/Dark Horse

Depuis 2008, l’éditeur américain Dark Horse s’est mis en tête de compiler tous les numéros de ces deux magazines mythiques avec une collection qui compte désormais 56 ( !) volumes. En France, c’est presque naturellement Delirium au ‘mauvais goût’ assumé (Monde Mutant, Judge Dredd, Nemesis etc.) qui se charge de porter la bonne parole.

Cela dit, à cause d’un travail de traduction plus conséquent et d’un planning chargé, ce troisième volume ‘in french’ de Creepy arrive pourtant près de sept ans après le précédent. Mais histoire de se faire pardonner, en plus de vingt-huit histoires, il contient des bonus trois étoiles sous la forme de mini-biographies de chacun des auteurs mais surtout, des interviews très éclairantes avec le scénariste et rédacteur-en-chef Archie Goodwin et surtout Frank Frazetta lui-même.

© Delirium/Dark Horse

Quant aux histoires en elle-même, elles apparaissent dans un ordre chronologique, et datent toute de la période 1967-1972. Mais surtout, chacune à son identité propre, souvent liée au dessinateur que l’on retrouve aux commandes. Ce qui fait que même si certaines, par exemple, restent très (trop) ancrées dans un style horrifique typé 50s assez prévisible, d’autres se révèlent être de perles absolues. Comme ce délire aussi bien visuel que scénaristique qu’est l’halluciné Mirages dessiné par l’espagnol Felix Mas. Ou le très suggestif Prélude à L’Armageddon de Wally Wood, ancien dessinateur vedette de Tales From The Crypt, avec sa cavalière-dragon dénudée. Quant à Ils L’appelaient ‘Monstre’, dans la forme, on est déjà dans le roman graphique, 40 ans avant que le style ne s’impose. C’est dans ces cas-là que Creepy est le plus savoureux, lorsqu’il s’amuse à jouer avec les codes de son époque et avec la censure qu’ils contournent avec une perversité assez jouissive, malgré un format court (5 ou 6 pages maximum pour chaque histoire) et un noir et blanc assez contraignants. Tout un sacré pan de la BD underground outre-Atlantique et chantre de la contre-culture des années 70, option

Olivier Badin

Creepy Volume 3, collectif. Delirium/Dark Horse, 27 euros

Fauve d’Angoulême Prix du Public France Télévisions 2020 : Saison des Roses, histoire d’une meuf qui a le seum signée Chloé Wary

On parle beaucoup ces derniers temps de la bonne santé de la bande dessinée. Parmi les explications avancées, certains voient là le résultat d’un art, qui peut-être plus que tout autre aujourd’hui, offre un reflet fidèle et critique de la société. Saison des Roses, tout juste couronné du Fauve Prix du Public France Télévisions en est peut-être l’un des plus récents et des plus beaux exemples. Un regard lucide et militant sur la condition féminine…

Elle a le seum Barbara. Énervée grave. Et il y a de quoi. Son équipe de foot, Les Roses de Rosigny, vient d’apprendre qu’elle ne participera pas cette année au championnat. Faute d’argent. ou plus exactement faute de suffisamment d’argent. Car, pour l’équipe de garçons, pas de souci.

« Le club doit mettre à dispo tout le soutien financier nécessaire pour leur donner toutes leurs chances de gagner. On doit miser sur eux, ils sont l’avenir du club »

Chantal, la présidente du club en a décidé ainsi. Et tant pis si  les filles se démènent cette année-là pour monter en nationale, et tant pis si elles jouent mieux que leurs homologues masculins.

© Chloé Wary / FLBLB

Barbara est abattue. Pas longtemps ! « Des fois, je me dis que ce serait plus simple si j’avais des couilles ». Des couilles, Barbara va en trouver, pour se relever et refuser la fatalité. Elle va se battre, elle et ses coéquipières, provoquer un duel -footballistique- avec l’équipe des garçons, montrer que la détermination et le talent n’ont pas de sexe.

Du talent, la jeune auteure Chloé Wary n’en manque pas non plus. Née en 1995 en banlieue parisienne, elle découvre la bande dessinée à la MJC de Chilly-Mazarin. Elle intègre plus tard une section Illustration du lycée Renoir à Paris. Son projet de fin d’études est une fiction sur les femmes d’Arabie Saoudite qui se battent pour une plus grande liberté, dont celle de conduire une voiture. Il est publié en 2017 aux éditions Steinkis sous le nom Conduite interdite.

© Chloé Wary / FLBLB

Dans ce deuxième récit, baptisé Saison des Roses, Chloé se rapproche de son monde, de sa banlieue et de sa passion : le football. Inscrite dans la section féminine de Wissous, créée après la dissolution de l’équipe féminine de Longjumeau, elle participe activement à la vie du club. L’histoire et les personnages de son récit sont inspirés de son expérience.

© Chloé Wary / FLBLB

Comme elle l’a déjà fait dans Conduite interdite, Chloé s’interroge ici, nous interroge tous, sur la place des femmes dans une société où il n’est pas encore bon de faire de l’ombre aux hommes. Une démarche profondément féministe et en même temps un récit qui parle d’amour, de passion, de vie quotidienne en banlieue, avec un trait faussement naïf, faussement maladroit, souple et dynamique qui colle bien à l’histoire, bref un récit inscrit dans son temps qui méritait bien la reconnaissance du public. C’est chose faite avec ce Fauve Prix du Public France Télévisions attribué à la jeune auteure ce 1er février à Angoulême.

Eric Guillaud

Saison des Roses, de Chloé Wary. FLBLB. 23€

01 Fév

Festival International de la BD d’Angoulême 2020: Le Fauve Prix du Public France Télévisions 2020 attribué à Saison des Roses de Chloé Wary chez FLBLB

Parmi les Fauve qui ont été remis ce soir à Angoulême, le Prix du public France Télévisions revient à Saison des roses de Chloé Wars aux éditions Flblb…

Prix du public France Télévisions : Saison des roses de Chloé Wary, chez FLBLB

Huit titres étaient en lice pour le Prix Public France Télévisions, huit titres sélectionnés par des journalistes et spécialistes de la littérature de France Télévisions à partir de la sélection officielle du festival. Ces titres étaient :

  • Dans l’Abîme du temps, de Gou Tanabe (Ki-oon)
  • In Waves, de AJ Dungo (Casterman)
  • Le Loup, de Jean-Marc Rochette (Casterman)
  • Les Entrailles de New-York, de Julia Wertz (L’Agrume)
  • Les Indes fourbes, de Alain Ayroles et Juanjo Guarnido (Delcourt)
  • Préférence système, de Ugo Bienvenu (Denoël Graphic)
  • Révolution, Tome 1 Liberté, de Florent Grouazel et Younn Locard (Actes Sud/L’An 2)
  • Saison des Roses, de Chloé Wary (Flblb)

Le jury, constitué de neuf téléspectateurs de la région Nouvelle-Aquitaine, a finalement voté pour Saison des roses de Chloé Wary chez Flblb, un livre publié avec le soutien du Centre national du livre et de la Région Nouvelle-Aquitaine, déjà couronné par les Prix Jeunesse Nouvelle-Aquitaine 2019 et Grand Prix Golden Globos à BD Colomiers.

Après Conduite Inter­­dite (éd. Stein­­kis, 2017), Chloé Wary place l’éman­­ci­­pa­­tion fémi­­nine au centre d’un terrain de foot de banlieue.

Eric Guillaud

© Chloé Wary / FLBLB

Festival International de la BD d’Angoulême 2020: le palmarès complet

La 47e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême vient de faire connaître son palmarès 2020 et notamment son Fauve d’Or attribué à l’extraordinaire album Révolution, Liberté (Tome 1) de Florent Grouazel et Younn Locard, chez Actes Sud – L’An 2…

Le Fauve d’or : Révolution, de Florent Grouazel et Younn Locard, chez Actes Sud – L’An 2

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DE LA BANDE DESSINÉE ALTERNATIVE : Komikaze (Croatie)

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DU POLAR SNCF : No direction d’Emmanuel Moynot, chez Sarbacane 

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DU PUBLIC FRANCE TÉLÉVISIONS : Saison des roses de Chloé Wary, chez FLBLB

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DU PATRIMOINE : La Main verte et autres récits de Nicole Claveloux et Edith Zha, chez Cornélius

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX RÉVÉLATION : Lucarne de Joe Kessler, chez L’Association

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DE L’AUDACE : Acte de Dieu de Giacomo Nanni, chez Ici Même

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX DE LA SÉRIE : Dans l’abîme du temps de Gou Tanabe et H.P. Lovecraft, chez Ki-oon

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX SPÉCIAL DU JURY : Clyde Fans de Seth, chez Delcourt

FAUVE D’OR – PRIX DU MEILLEUR ALBUM : Révolution, Liberté (Tome 1) de Florent Grouazel et Younn Locard, chez Actes Sud – L’An 2 

FAUVE D’HONNEUR : YOSHIHARU TSUGE

FAUVE D’HONNEUR : NICOLE CLAVELOUX

FAUVE D’HONNEUR : ROBERT KIRKMAN

 

Le Palmarès Jeunesse

 

FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX JEUNESSE : Les Vermeilles de Camille Jourdy, chez Actes Sud BD
.
FAUVE D’ANGOULÊME – PRIX JEUNES ADULTES : Le Tigre des neiges (Tome 4) d’Akiko Higashimura, chez le Lézard Noir
.
PRIX DES ÉCOLES D’ANGOULÊME : La Quête d’Albert d’Isabelle Arsenault, chez La Pastèque
.
PRIX DES COLLÈGES  : Obie Koul, Un week-end sur deux chez mon père (Tome 1) de Pierre Makyo et Alessia Buffolo, chez Kennes
.
PRIX DES LYCÉES : Le Voyage de Marcel Grob de Philippe Collin et Sébastien Goethals, chez Futuropolis
CONCOURS DE LA BD SCOLAIRE PARRAINÉ PAR MGEN
Prix d’Angoulême de la BD scolaire : Alex Adamiak
Prix Espoir de la BD scolaire : Gaspard Mérigalet
Prix du scénario de la BD scolaire : Sapho Ferrone
Prix du graphisme de la BD scolaire : Adrien Nunez Béchet

CONCOURS #DRAWMECOMICS : Fringale Rurale, de Simon Boileau et Florent Pierre.

.PRIX JEUNES TALENTS RÉGIONS : Clémence Sauvage ..

PRIX JEUNES TALENTS Adèle Maury