Après Cosey en 2017, Richard Corben en 2018 et Rumiko Takahashi en 2019, c’est au tour d’Emmanuel Guibert de se voir attribuer le prestigieux Grand Prix d’Angoulême, le premier auteur français depuis Jean-Claude Denis en 2012…
Ils étaient trois en lice après le vote début janvier des auteurs et autrices de bande dessinée, un Américain, Chris Ware, et deux Français Catherine Meurisse et Emmanuel Guibert. C’est finalement sur ce dernier que le choix s’est porté à la veille de l’ouverture de la 47e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême.
Emmanuel Guibert est un auteur complet signant parfois le dessin, parfois le scénario, souvent les deux. La Guerre d’Alan (L’Association) est certainement l’un de ses meilleurs récits. Il raconte la guerre à travers le quotidien du GI californien Alan Ingram Cope, débarqué en France le 19 février 1945, précisément le jour de ses 20 ans, après des mois d’entrainement sur sa terre natale.
La vie d’Alan Ingram Cope n’a rien de fondamentalement extraordinaire ou héroïque. Emmanuel Guibert nous en livre pourtant plusieurs épisodes avec une façon à lui qui rend l’ordinaire passionnant. Tout commence en 2000 avec le premier volet de La Guerre d’Alan. L’auteur pose en une centaine de pages, un peu moins peut-être, les bases de ce qui le fera connaître du grand public.
Un trait sobre et épuré, une narration simple et efficace, une écriture aussi limpide que l’eau d’une rivière de montagne, un récit qui oscille entre la biographie et le documentaire. Cette signature-là se retrouvera dans tous les albums de la série (La Guerre d’Alan, L’Enfance d’Alan, Martha & Alan) mais aussi dans la trilogie Le Photographe, publiée entre 2003 et 2006.
Emmanuel Guibert, c’est aussi Le Capitaine écarlate avec David B, Ariol avec Marc Boutavant, Les Olives noires, Sardine de l’espace ou encore La Fille du professeur avec Joann Sfar…
Eric Guillaud