Vous pouvez être un familier des aéroports sans connaître ces espaces, et pour cause, les zones d’attente pour personne en instance sont des lieux de détention pour les étrangers refusés aux frontières. Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula nous les font découvrir dans une bande dessinée documentaire parue chez Steinkis…
Il y un peu plus de 25 ans, les étrangers refusés aux frontières pour quelque raison que ce soit erraient dans les gares, ports et aéroports sans cadre légal. Il faudra attendre la loi dite Quilès de 1992 pour que soient créées les Zones d’Attente pour Personnes en Instance également appelées ZAPI, des zones de détention où les étrangers peuvent être enfermés jusqu’à 26 jours avant d’obtenir le statut de demandeurs d’asile, de se voir admis sur le territoire ou refoulés.
Le récit Prisonniers du passage nous plonge dans cet espace, froid, sans âme, bien loin de l’image de terre d’accueil que la France a longtemps véhiculée. Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula nous montrent les conditions de (sur)vie offertes à ces hommes, femmes et enfants venus chercher une meilleure vie loin de la misère, de la violence, de la guerre, enfermés avec pour seuls interlocuteurs des policiers pas toujours compréhensifs et, heureusement, la visite régulière des associations citoyennes comme l’Anafé, Association Nationale d’Assistance aux Frontières pour les Étrangers.
Au fil des pages, on peut croiser Kadiatou, Yoones, Jana… tou(te)s refusé(e)s aux frontières, tou(te)s amené(e)s à la ZAPI, quelques noms, quelques visages, parmi les milliers d’étrangers qui passent chaque année entre les murs des zones d’attente.
Un récit humain et instructif, complété par un dossier documentaire d’une quinzaine de pages.
Eric Guillaud
Prisonniers du passage, de Chowra Makaremi et Matthieu Parciboula. Steinkis. 18€