Comment se construire une identité quand on est issue de deux cultures? Camille Royer a un père français et une mère d’origine japonaise, elle raconte son enfance dans un premier album où la réalité et l’imaginaire s’entrechoquent…
À huit ans, Camille est une gamine comme toutes les gamines ou presque, un peu téméraire, pour ne pas dire turbulente dans la journée, un peu froussarde à la nuit tombée. Alors, afin qu’elle s’endorme plus facilement, sa mère japonaise lui raconte les plus beaux contes de son pays l’initiant ainsi à sa culture.
Mais la vie n’est pas toujours un conte de fée et la mère de Camille est malheureuse. Son pays, sa famille, lui manquent. Camille est effrayée à l’idée qu’elle reparte un jour au Japon. De quoi perturber ses nuits…
C’est Sébastien Gnaedig, directeur éditorial de Futuropolis et juré pour différentes écoles d’illustration et de bande dessinée, qui a remarqué le travail de Camille Royer. Mon premier rêve en japonais était à l’origine un dossier de fin d’étude. « J’ai tout de suite été frappé par des images puissantes, un style déjà singulier… », explique-t’il. « Et un récit fort : celui de l’enfance aux carrefours de 2 cultures où très vite affleure une gravité sur des scènes du quotidien à priori anodines ».
« Lors de ma dernière année à l’école Estienne… », raconte Camille Royer, « j’ai choisi de faire mon stage de fin de cycle au Japon, chez un illustrateur. J’avais envie de créer ma propre relation avec ce pays, loin des histoires de famille houleuses. Y aller pour mon dessin, c’était créer ma propre histoire avec le pays natal de ma mère, de mes grands-parents. Dessin et dessein se confondant certainement. J’ ai appris à lâcher l’aquarelle que j’utilisais à outrance. Mon maître tokyoïte m’a entrainée tous les jours à épurer mon dessin et alléger mes couleurs. Je suis rentrée en France, réconciliée avec le Japon. Ce livre porte les fruits de cette réconciliation. Sans le savoir, je posais déjà les bases d’un premier livre de bande dessinée ».
Un premier album surprenant mais qui ne peut laisser indifférent tant d’un point de vue graphique que narratif. Entre quotidien et imaginaire, Mon premier rêve en japonais raconte la construction identitaire d’une enfant partagée entre deux cultures.
Eric Guillaud
Mon premier rêve en japonais, de Camille Royer. Futuropolis. 21€