C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Si vous n’avez jamais vu The Misfits, Les Désaxés en français, je ne saurais vous conseiller de le télécharger fissa et de le visionner avant d’ouvrir ce livre de Luz publié chez Futuropolis en avril dernier.
Hollywood menteur nous plonge en effet dans les coulisses de cette pépite du 7e art au casting d’enfer. John Huston à la réalisation, Arthur Miller au scénario, Clark Gable, Marilyn Monroe, Montgomery Clift et Eli Wallach dans les rôles principaux.
En tout cas, si vous ne l’avez pas vu, Luz, lui, l’a vu une bonne vingtaine de fois au point d’en développer une obsession. Il faut dire que The Misfits a tout pour être mythique, le casting bien sûr mais aussi le tournage sacrément « erratique » comme le souligne l’auteur et enfin l’histoire en elle-même qui devait briser l’image qu’on avait jusque là de Marilyn. Luz nous montre la face cachée du film et, au-delà, la face cachée de la fabrique à rêves hollywoodienne. Avec ses illusions et ses mensonges. Et de rêve justement, il en est question ici. Après avoir été « la grande machine de propagande du rêve américain », comme le souligne Virgine Despentes, le cinéma, à travers The Misfits, pourrait dorénavant en refléter sa déliquescence.
Étrangement, ou pas d’ailleurs, le film fut un échec commercial lorsqu’il sortit en 1961. Il faudra attendre quelques années, pour ne pas dire des décennies, afin qu’il soit enfin considéré à sa juste valeur, un film crépusculaire, un film marquant en tout cas la fin d’une époque. Clark Gable meurt avant même la sortie du film, Marilyn disparaît quelques mois plus tard. L’Amérique perdait coup sur coup deux références, celle du mâle dominant, le cowboy, et celle de la femme fatale, objet de tous les fantasmes.
Dans cet envers du décor, écrit à partir de nombreux écrits et témoignages sur le tournage, Luz tente lui-aussi de donner une autre image de Marilyn. « Marilyn, c’est est un symbole, un fantasme… mais j’avais envie d’en faire un symbole de courage et de ténacité », déclare-t-il à nos confrères du figaro.fr.
Et de montrer dès la couverture Marilyn avec une expression que vous ne lui verrez sur aucune photo. Marilyn en colère. Une des scènes du film. En colère après les hommes, après la société, après le monde, après elle-même peut-être aussi. En colère, explique l’auteur, comme peuvent l’être finalement toutes les femmes hier et aujourd’hui… Très beau bouquin !
Eric Guillaud
Hollywood menteur, de Luz. Futuropolis. 19€ (sorti en avril)