Après L’ïle des Justes qui mettait en lumière le rôle souvent méconnu des Corses pendant l’Occupation, le tandem Piatzszek-Espé se reforme autour d’une saga familiale qui se déroule à la même époque mais au cœur du vignoble alsacien…
Si vous avez séché ou oublié vos cours d’histoire, alors voici un petit récapitulatif qui ne serait être inutile. L’Alsace n’a pas toujours été française. Elle l’a été du milieu du XVIIe siècle jusqu’en 1870, date à laquelle elle est annexée par l’Empire allemand, récupérée par la France à l’issue de la guerre de 14/18, annexée une nouvelle fois par l’Allemagne lors de la seconde guerre mondiale en 1940 et finalement récupérée par la France à la Libération.
Tout ça pour vous dire que dans le contexte de la seconde guerre mondiale, forcément, l’Alsace tient une place à part. Plus qu’une occupation, la région est soumise à une annexion avec soumission au Reich, interdiction de parler le français ou l’alsacien et à partir de 1942 incorporation de force dans la Wehrmacht des jeunes Alsaciens. Les fameux malgré-nous !
Obéir ou résister ? Dans la famille Engel, des viticulteurs de père en fils installés du côté de Colmar, chacun devra choisir son camp, comme dans toutes les autres familles alsaciennes. Mais pour le moment, le père, Alfred, est occupé à murer une partie de sa cave, là où sont entreposés ses meilleurs crus. Nous sommes en juin 1940, son fils Antoine prisonnier des Allemands sera bientôt relâché, sa fille Fina, institutrice obligée de faire le salut nazi en début de cours, a bien du mal à cacher ses réticences et François, le petit dernier, adhérera à la HitlerJugend, la Jeunesse hitlérienne.
Dans un style graphique réaliste, Une Famille en guerre nous embarque dans la tourmente des années 39/45 avec ses héros et ses ordures, ses bravoures et ses lâchetés, ses familles déchirées, et avec en sus ici des questions identitaires propres à l’Alsace. À suivre…
Eric Guillaud
Le pays perdu, Une Famille en guerre (tome 1), de Piatzszek et Espé. Glénat. 14,50€