Clairement, on nous avait mis l’eau à la bouche. C’était à la fin du siècle précédent, Dark Horse France publiait deux volumes de Stray Bullets et puis… plus rien ! Fort heureusement, les éditions Delcourt reprennent aujourd’hui les choses en main et nous promettent une édition digne de ce polar choc de David Lapham. Quatorze histoires se trouvent d’ores et déjà réunies dans ce qui constitue le premier volume d’une intégrale, de quoi se sustenter largement cette fois et envisager la vie en noir…
La sortie des deux premiers recueils de Stray Bullets chez Dark Horse France eut l’effet d’un uppercut, pas moins, pour tous les amoureux du comics. C’était en 1996. On découvrait sous nos yeux ébahis le talent de ce jeune auteur américain David Lapham et ses histoires noires et radicales qui nous entraînaient dans les bas-fonds de le société américaine. Deux volets, une petite réédition chez Bulle Dog au début des années 2000 et plus aucune nouvelles de ce côté-ci de l’Atlantique, tandis que de l’autre côté l’aventure se poursuivait avec aujourd’hui une bonne quarantaine d’histoires au compteur.
Mais les choses devraient rentrer dans l’ordre grâce à l’intervention salvatrice de la maison d’édition Delcourt, laquelle vient de publier le premier volume d’une intégrale, quatorze histoires courtes au programme, dont sept inédites en France. C’est un bon début, poursuivons le combat!
Amateurs et amatrices d’histoires moralement correctes, passez votre chemin. Ces aventures ne s’appellent pas Stray Bullets, Balles perdues en français, pour rien. Des balles perdues, il y en a à toutes les pages, ça flingue comme jamais, souvent sans raison véritable, offrant une vision noire, très noire, de la société américaine. Rien que dans le premier récit, on dénombre pas moins de huit cadavres entassés dans une voiture, plus une place dans le coffre ou sur la banquette arrière. Et on nous dit que Ça ressemble à de l’amour, c’est en tout cas le titre de cette ouverture.
Stray Bullets, ce sont des histoires noires à la Tarantino mâtinées d’Ellroy, un plongeon sans fin dans la criminalité avec un casting de malade, une galerie de personnages plus tarés les uns que les autres, triés sur le volet de la dégénérescence la plus totale, camés, escrocs, dingues et paumés, c’est violent, c’est macabre, c’est noir, c’est nihiliste à souhait mais il y a un sens à tout ça, explique l’auteur, « intensifier l’émotion de choses que j’ai vécues ou de choses assez universelles que nous pouvons tous comprendre ». Touché en plein coeur !
Eric Guillaud
Stray Bullets, de Lapham. Delcourt. 34,95€