Alice au pays des merveilles, Madame Butterfly, Marie-Antoinette… Fantasmées ou réelles, l’illustrateur parisien Benjamin Lacombe a toujours aimé les figures tragiques. Après Lewis Carroll, il était donc prédestiné à rencontrer le maître du macabre, Edgar Allan Poe himself, personnage torturé qui a terminé trop tôt (quarante ans) sa vie seul et dans la misère mais dont l’œuvre a influencé, et continue d’influencer, toute la littérature fantastique qui a suivi.
Charles Baudelaire, qui a été le premier à le traduire en français, adorait le côté presque implacable et pervers de ses ‘contes’ et avec son univers mi-sucré mi-acide, sorte de conte de fées sombre aux connotations très proches de Tim Burton, Lacombe était donc fait pour s’entendre. Les deux s’étaient déjà rencontrés si l’on peut dire en 2009 et ce deuxième volume reprend les choses exactement là où elles les avaient laissés, même si les six nouvelles choisies sont moins connues et pas forcément du calibre du Chat Noir et du célèbre Chute de la Maison Usher que l’on retrouvait sur son grand frère.
Que l’on ne se trompe pas : ceci est avant tout un livre d’Edgar Allan Poe et c’est son texte qui est la vraie star. Jamais intrusif, Lacombe est à son service et sait se faire discret, illustrant quant il faut les passages les plus intenses ou en donnant un visage parfois effrayant (Le Roi Peste, Petite Discussion avec une Momie) à ces personnages mais sans chercher à être présent à chaque page, alternant vaste tableau en couleur et petit dessin en noir et blanc en marge de la page.
L’artiste, dont il y a six mois nous encensions déjà dans ces mêmes pages ici-même le premier recueil d’illustrations, a su se faire petit derrière le maître. Et le résultat n’en est que plus complémentaire et donc ensorcelant.
Olivier Badin
Les Contes Macabres II d’Edgar Allan Poe et Benjamin Lacombe, Les Editions du Soleil, 29,95 euros