Ce n’est pas ce qu’on appelle une nouveauté, L’Aimant a paru en août 2017, il y a donc un peu plus d’un an. Alors pourquoi en parler ici et maintenant ? Tout simplement parce que l’album est en lice pour le Prix Utopiales BD 2018. L’occasion de se plonger ou replonger dans cette histoire singulière et marquante…
Une histoire singulière et plus largement un livre singulier. L’Aimant s’offre d’abord au regard, 150 pages en trichromie, un dos toilé rouge, une très belle illustration de couverture à l’atmosphère envoûtante et un titre magnétique. L’Aimant est un bel objet, le genre de livre qu’on aime laisser traîner de façon à pouvoir régulièrement jeter un oeil bienveillant dessus.
Et puis il y a l’histoire, construite autour d’une fascination, celle d’un jeune étudiant en architecture pour les – véridiques – thermes de Vals, érigées au coeur de la montagne suisse par l’architecte Peter Zumthor entre 1993 et 1996.
Pierre, le jeune étudiant en question, en avait fait son sujet de mémoire avant de faire une bouffée délirante et de perdre toutes ses recherches. Renouant avec ses études, Pierre décide de se rendre sur place et de percer le mystère de ce bâtiment. Car il en est persuadé, au-delà de leur intérêt architectural, les thermes de Vals renferment un secret, une porte dérobée…
Nourri dès sa plus tendre jeunesse à l’architecture grâce à des parents qui transformaient les moindres vacances en pèlerinages architecturaux, Lucas Harari a été immédiatement fasciné par ces thermes et « submergé par l’atmosphère », comme il le reconnait aujourd’hui dans une interview accordée à France Inter.
À l’esthétisme impeccable et un peu froid du bâtiment de Zumthor, Lucas Harari répond par un graphisme épuré tendance ligne claire troisième génération, héritée de Hergé, Chaland ou Ted Benoît. Certains y verront aussi une touche de Joost Swarte ou du Chris Ware dans l’aspect minutieux des planches, aussi minutieux que le travail de Peter Zumthor.
Plus proche du thriller que de la science-fiction, c’est sans doute sa petite touche fantastique qui lui permet aujourd’hui de se retrouver en lice pour le Prix BD 2018 du Festival international de la science-fiction de Nantes, aux côtés des albums All-Life, Essence, Contes ordinaires d’une société résignée, Ces Jours qui disparaissent et L’Homme gribouillé.
Eric Guillaud
L’Aimant, de Lucas Harari. Sarbacane. 25€