Attention, ces bandes dessinées-là s’adressent à un public averti, très averti. On n’y parle pas de voyage interplanétaire, d’ingénieur fou ou de crise de la trentaine mais de sexe, tout simplement de sexe…
Dans la bande dessinée érotique ou pornographique, il y a bien sûr les spécialistes, des gens comme Georges Pichard ou Guido Crepax, qui ont fait les beaux jours du genre. Il y a aussi les autres, assez nombreux finalement, classés dans la catégorie des auteurs classiques, qui s’y essaient le temps d’un album ou plus si affinité. C’est le cas de Bastien Vivès, auteur des honorables Polina, Le Chemisier ou encore Le Goût du chlore, qui a publié en septembre dans la collection Porn’Pop des éditions Glénat un livre intitulé Petit Paul contant l’histoire d’un gamin vivant à la campagne avec son père et sa soeur Magali. Seule différence avec les autres gamins de son âge, Petit Paul a un sexe énorme qui affole la gente féminine au point de déclencher de violentes pulsions et de se faire violer. Bon, même si Bastien Vivès ne justifie aucunement ici la pédophilie, reste que ce livre est assez troublant, voire lourdement incommodant et ne peut trouver à mon sens sa seule justification dans la provocation. De leur côté, les cercles puritains n’ont pas manqué de réagir en lançant une pétition pour interdire le livre. Les enseignes Gibert et Cultura l’auraient retiré des rayons (Petit Paul, de Vivès. Glénat. 12,90€)
Beaucoup plus soft, bien que pornographique, Pour la peau de Sandrine Saint-Marc et Deloupy raconte une histoire plus classique, celle d’un jeune couple adultérin lancé dans une sulfureuse relation. Elle, c’est Mathilde, mariée sans enfant. Lui, c’est Gabriel, marié et papa. Tous les deux se sont rencontrés dans une fête. Depuis, ils se retrouvent une fois par semaine dans le bureau de Gabriel pour quelques minutes de plaisir partagé. Ils ne se voient jamais à l’extérieur, ne s’envoient jamais de SMS ou de mail et ne s’appellent pas. Bien sûr, au bout d’un moment, les pulsions sexuelles laissent un peu plus de place aux sentiments… (Pour la peau, de Saint-Marc et Deloupy. Delcourt. 17,50€)
On termine avec l’Allemand Ralf König et son livre Porn Story qui est à mes yeux le plus intéressant et finalement le moins pornographique des trois, même s’il en raconte l’histoire, tant au niveau de la technologie que des mentalités. Sous les yeux de son personnage Eberhard, et des nôtres, il fait défiler plusieurs décennies de porno, depuis les bobines super 8 jusqu’aux sites de streaming actuels. L’avantage avec Ralf König, c’est qu’on a une distance avec tout ça grâce à son sens de l’humour. Le sexe, ça peut être drôle aussi ! (Porn Story, de Ralf König. Glénat. 25€)
Eric Guillaud