Avec un nom pareil, on pourrait légitimement penser qu’il a fait carrière. Marc Jaguar, ça ne s’invente pas pour un héros de papier, photographe-reporter de son état. Pourtant, le destin en a décidé tout autrement. Cette deuxième aventure de la série, commencée il y a plus de soixante ans, trouve son épilogue aujourd’hui seulement…
Elle avait pourtant bien démarré cette histoire. Lancé sur la route au volant d’une superbe Renault Frégate de 1954, Marc Jaguar, accompagné de Peter Lavolige, prend la direction de la Bretagne pour quelques jours de repos bien mérités. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au moment où les deux hommes sont témoins d’un accident entre une voiture et une estafette. Rien de bien méchant mais un voleur des petits chemins profite de la situation pour subtiliser la valise d’un des conducteurs accidentés. Lorsque celui-ci découvre ce qu’elle renferme, il s’en débarrasse au plus vite en la jetant dans une mare.
Pourquoi ? Que contenait-elle ? C’est justement la question que vont se poser pendant plus de soixante ans les lecteurs ce cette aventure avortée. Nous sommes en 1956, sept planches de ce deuxième récit de Marc Jaguar ont été publiées dans le journal Risque-Tout avant qu’il ne cesse de paraître. L’histoire s’arrête là, Maurice Tillieux envisage de la reprendre en 1977 devant l’insistance de son ami François Walthéry. Deuxième coup du sort, Maurice Tillieux décède brutalement début 1978. Fin !
Enfin pas tout à fait. En 2016, le projet de donner une suite et une fin aux Camions du diable est finalement relancé avec aux commandes François Walthéry, Etienne Borgers et Jean-Luc Delvaux. Ils reprennent l’aventure au tout début en reproduisant à l’identique les planches déjà existantes et la poursuivent en levant bien évidemment le voile sur le mystère de la valise. En fait, c’était des 💬💤👁️🤚et un 👾👿👽☠️. Non, je ne vous le dirai pas. La réponse est dans l’album, un très bel album, au scénario dynamique, bourré de suspense, d’action et de rebondissements, au graphisme particulièrement élégant, inscrit dans la lignée de l’école de Marcinelle et aux atmosphères dignes des aventures de Gil Jourdan… un régal et un héros qui pourrait bien renaître !
Eric Guillaud
Les Camions du diable, de Tillieux, Borgers, Delvaux, Walthéry. Dupuis. 17,50€