Vous avez le blues de la rentrée ? Rien de mieux qu’un peu de décibels pour l’éliminer. Régulièrement, la BD s’intéresse au monde de la musique. En voici quelques exemples…
On commence par une biographie singulière, celle d’un chanteur non moins singulier qui a fait ses débuts sur la scène punk australienne avant de rejoindre Londres et de devenir une star du rock avec son groupe The Bad Seeds. Vous avez deviné, il s’agit bien évidemment de Nick Cave. L’auteur allemand Reinhard Kleist, connu des deux côtés du Rhin pour avoir mis en images quelques destins exceptionnels comme Elvis Presley (Petit à Petit), Johnny Cash (Dargaud), le boxeur Hertzko Haf ou encore Castro (Casterman), offre ici un portrait à l’image du chanteur, complexe, tourmenté, qui mélange sa vie réelle et l’univers de ses chansons. Kleist remonte à son enfance et notamment aux séances de lecture avec son père, pour dérouler le tapis rouge d’une vie qu’il a voulu différente. C’est la rencontre décisive avec le musicien Mick Harvey ou avec sa muse Anita, ce sont les premiers concerts en Australie sous le nom de The Boys Next Door, puis l’installation à Londres, Berlin, l’écriture du premier roman… Pour les fans et les autres. (Nick Cave, Mercy on me, Casterman. 23,95€)
Cette histoire-là commence en plein Blitz. Londres est sous les bombes et le jeune Brian Maurice Holden n’a que les histoires de son grand frère pilote d’avion tout vêtu de cuir pour oublier le sinistre quotidien. Brian Maurice Holden n’est pas encore Vince Taylor mais ll n’aura de cesse dès lors de faire plus de bruit que les sirènes. L’album de Marc Malès au dessin et d’Arnaud le Gouëfflec au scénario paru en mai dernier retrace sa vie depuis cette enfance en Angleterre jusqu’à sa mort en Suisse à l’âge de 52 ans, en passant bien sûr par son heure de gloire sur les scènes françaises et sa chute vertigineuse, gloire et déchéance d’une star, une vie pour le moins rock’n’roll que notre duo d’auteurs met en images avec une très grande justesse, grâce notamment à l’utilisation du noir et blanc et à un trait inspiré de la bande dessinée des années d’après guerre. (Vince Taylor, L’Ange noir, Glénat. 22€)
Dans un style très différent, Symphonie Carcérale nous embarque derrière les barreaux, ceux de la prison de Fresnes où Romain Dutter occupe le poste de coordinateur culturel, mission consistant à mette en place des ateliers de théâtre, d’écriture, de musique et bien évidemment à proposer des concerts. Quand on parle de concerts en prison, on pense bien évidemment à Johnny Cash et à son mythique album At Folsom Prison au sein de la prison d’état de Folsom devant un parterre de prisonniers. C’est un peu l’idée ici. D’ailleurs, Romain y fait référence dans les pages de l’album. Comme il fait référence aussi au concert des Sex Pistols dans la prison de Chelmsford Top Security en 1976, à celui de Trust à Fleury-Mérogis en 1980 ou encore celui de Metallica dans la prison de San Quentin en 2003. Au-delà de son expérience de coordinateur, de son combat pour faire entrer un peu de liberté et de chaleur humaine dans le milieu carcéral, le récit de Romain Dutter mis en images par Bouqé qui signe ici son premier roman graphique nous raconte surtout la prison et les hommes qui la peuplent, avec une touche d’humour bienvenue. (Symphonie carcérale, Steinkis. 20€)
Eric Guillaud