Et si dans un proche avenir, nous ne disposions plus de la liberté élémentaire qui est de choisir ce que nous mangeons ? Et si le simple fait de faire pousser soi-même des tomates pouvait être considéré comme un crime d’état ? C’est ce qu’imagine La Tomate, un récit d’anticipation glaçant signé Régis Penet et Anne-Laure Reboul aux éditions Glénat…
L’héroïne de ce one-shot s’appelle Anne Bréjinski. Rien de prime abord d’une dangereuse terroriste, rien non plus d’une criminelle ou même d’une délinquante, plutôt une employée du genre irréprochable, accomplissant son travail au sein du service d’épuration d’objets avec sérieux et enthousiasme. Une employée modèle en somme jusqu’au jour où la jeune femme tombe sur un paquet de graines de tomates. À l’instar des livres, des œuvres d’art et « autres résidus » d’une époque révolue, Anna aurait dû détruire ces graines. Mais pour la première fois de sa carrière, la jeune femme ne peut s’y résoudre, allant même jusqu’à les planter dans un petit récipient, y ajouter un peu d’eau et enclencher un processus formellement interdit, considéré comme une menace pour la survie de la communauté. De quoi se retrouver vite fait bien fait devant un tribunal…
Avec La Tomate, Anne-Laure Reboul et Régis Penet imaginent une société futuriste totalement aseptisée et aux mains de puissantes multinationales, une vie sans art, sans amour, sans terre, sans magie, sans fruit et légumes, où l’eau est devenue le bien le plus précieux et l’homme une machine à surveiller que son voisin ne dévie pas, un monde qui a définitivement vendu son âme. Effrayant !
Eric Guillaud
La Tomate, de Anne-Laure Reboul et Régis Penet. Éditions Glénat. 19,50€