Les bandes dessinées évoquant la Palestine ne manquent pas. Nous le constations ici-même il y a encore quelques jours avec la sortie de l’album Vivre en terre occupée de José Pablo Garcia aux éditions La Boîte à bulles. Mais quand José Pablo Garcia ou Joe Sacco pour ne citer qu’eux offrent un regard extérieur sur la question, Leila Abdelrazaq apporte de son côté un témoignage de l’intérieur. Leila Abdelrazaq est américaine. Son livre Baddawi raconte l’enfance palestinienne de son père Ahmad…
Leila Abdelrazaq est née aux États-Unis mais elle n’a pas oublié, elle ne peut oublier, l’histoire de son père. Cependant, la bande dessinée Baddawi ne raconte pas sa seule histoire. Elle parle d’Handala, nous dit l’auteure en préambule. Handala est un personnage culte dans la culture arabe, une icône de la résistance palestinienne.
Leila explique : « Elle parle de mes cousins, de mes tantes et de mes oncles. De ceux qui ont été déplacés à de multiples reprises, contraints de quitter d’abord la Palestine, puis des pays comme le Koweït et la Syrie. Elle parle de cinq millions de personnes nées avec une vie marquée par l’exil et la persécution, privées de leur patrie pour une durée indéterminée ».
Et de raconter la jeunesse de son père dans un camp de réfugiés situé au nord du Liban, le camp Baddawi. Il y est né, y a vécu ses premières joies, ses premières peines, ses premières peurs, tenté d’oublier la guerre avec ses copains d’école et ses parents qui faisaient tout leur possible pour rester loin de la politique et ne pas s’attirer la foudre du gouvernement libanais. Mais la guerre, forcément les rattrapa et obligea la famille à déménager sur Beyrouth. Puis ce fut aussi la guerre à Beyrouth. Et le départ d’Ahmad pour les États-Unis…
La guerre, l’exil, le déracinement, la vie malgré tout… Baddawi nous parle d’une enfance de réfugié parmi d’autres avec beaucoup de sincérité, d’humanité et une touche de subjectivité, comme le souligne l’éditeur dans un avant-propos. Mais qui pourrait être complètement objectif au milieu de tant de violences et de douleurs ? Un témoignage forcément utile.
Eric Guillaud
Baddawi – Une enfance palestinienne, de Leila Abdelrazaq. Éditions Steinkis.18€