C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Un héros est né ! Enfin pas tout à fait, d’abord parce qu’il n’a rien d’un jeunot et encore moins d’un de ces héros extra-ordinaires comme on peut les imaginer, les rêver, les fantasmer. Son nom qui commence par un Z comme Zorro et se poursuit comme une onomatopée aquatique est déjà en lui-même une sacrée gageure. Côté physique, ce n’est pas beaucoup mieux, son crâne largement dégarni et son collier de barbe l’écartent définitivement des rôles de jeunes premiers sur le marché international de la bande dessinée.
Mais peu importe, Zorglub, c’est son nom, n’est pas là pour épater la galerie et émoustiller les midinettes. À 58 ans, ce personnage créé par André Franquin dans l’aventure de Spirou et Fantasio intitulée Z comme Zorglub, a une toute autre réputation à défendre, celle du savant fou et mégalomane capable du pire et parfois, oui parfois, du moins pire. Car Zorglub est un être plus complexe qu’il n’y paraît.
« Pour moi… », confie l’auteur Jose Luis Munuera, « c’est un des personnages de la série les plus riches et les plus vrais, en fin de compte. Même si, au départ, il incarne un archétype, celui du savant mégalomane, celui du méchant des années cinquante, des James Bond des débuts, ce côté-là est contrebalancé par son profil de gaffeur impénitent, de crétin pitoyable qui essaie d’attirer l’attention du monde entier par ses inventions qui se révèlent de plus en plus ridicules ! A cause de, ou grâce à ces contradictions, c’est un personnage qui détient un charme et un potentiel dramatique formidables! ».
À lire Jose Luis Munuera, Il en deviendrait presque attachant. Et c’est le cas. Surtout dans son rôle de père. Oui, Zorglub est papa. C’est du moins ce que met en scène Munuera dans le premier volet de ce qu’on appelle un spin-off, autrement dit une série dérivée, de Spirou et Fantasio.
Impossible bien évidemment de ne pas penser à Gru, le gentil méchant de Moi, moche et méchant, et à sa progéniture, avec cette particularité supplémentaire que la fille de Zorglub, Zandra, pour ne pas la nommer, est un, enfin une… disons qu’elle a des origines inattendues. Mais ceci n’empêche pas celà, Zorglug est un papa poule ultra-protecteur. Impossible d’approcher la fille sans que le père déclenche une guerre totale. André, jeune prétendant l’apprendra à ses dépens…
En résumé, alliant un côté résolument aventure, tendance superproduction hollywoodienne, et une approche intime et sentimentale du personnage et des relations père-fille, La fille du Z est un très bon album offrant une mise en place remarquable de l’univers, avec beaucoup d’action, d’humour, de dérision même. À ce titre, la scène d’ouverture mettant en scène André et Zendra sortant d’une séance de cinéma et regrettant la quantité impressionnante de spin-offs, remakes et autres suites inondant la production tant au cinéma qu’en BD est une merveille ! À défaut de nouvel héros, un univers est né !
Eric Guillaud
La fille du Z, Zorglub (tome 1), de Munuera. Éditions Dupuis. 10,95€