À la question de savoir quel est son nom, il répond de façon automatique Loup. Mais en fait, il ne connaît pas son nom. Il l’a oublié. Comme tout le reste. D’où il vient, ce qu’il fait là, où il va. Loup est amnésique mais il joue formidablement de la guitare…
Au point de se faire une sacrée réputation dans le milieu des musicos et d’être repéré par un gros producteur. C’est la gloire ! Bientôt, Loup est connnu de tous mais reste inconnu de lui-même. Personne ne s’est manifesté pour signaler sa disparition, aucun indice sérieux qui pourrait mettre la police sur une piste, pas de cicatrice, pas de tatouage, pas de signe particulier, rien, nada, nothing, niente. Jusqu’au jour où…
Cette histoire m’en rappelle une autre, réelle celle-là. C’était il y a une dizaine d’années en Angleterre, un homme retrouvé amnésique sur une plage du Kent et qui se révéla un virtuose du piano. Il fit la Une de pas mal de médias avant qu’on lui retrouve sa famille et qu’on reconnaisse qu’il n’avait en fait rien de virtuose, tout juste quelques connaissances en musique, suffisantes pour épater la foule et émoustiller la presse.
Là s’arrête la comparaison, Loup est incontestablement amnésique et virtuose, ce qui permet à Renaud Dillies de nous interroger sur ce que nous pourrions être, sur ce que pourrait être aussi le monde, si nous oublions un peu ce que nous sommes, autrement dit si nous laissions parler plus souvent la poésie, la magie, le rêve…
Dire que Loup est un album sensible et intelligent serait juste mais incomplet, il est merveilleux dans le fond et délicieux dans la forme. Bref, Loup est une friandise à croquer à pleines dents !
Eric Guillaud
Loup, de Renaud Dillies. Éditions Dargaud. 12,99€