lls auraient pu se contenter de distribuer des tracts, de manifester, et dans un élan de romantisme mal contrôlé de se mesurer aux forces de l’ordre. Mais dans ces années-là, à gauche comme à droite, la radicalisation était de mise. Bienvenue dans l’Italie des années de plomb…
Ils auraient pu mais ils sont allés plus loin, beaucoup plus loin. De fil en aiguille, de slogans en bombes artisanales, Michel, Cesare, Alberto, Marcello, Marco et Anna ont quitté le monde du militantisme classique pour celui de la lutte armée, sans marche arrière possible. Leurs modèles ? Les Brigades rouges. Eux n’ont pas encore de nom, ils hésitent. Front prolétaire pour le communisme ? Cellule communiste pour une révolution prolétarienne ? Trop long, pas assez percutant. Mais l’important n’est plus là. Il leur faut imaginer au plus vite une vraie organisation et surtout trouver de l’argent, des armes. C’est l’heure du premier casse et de la première bavure. Une jeune femme se prend une balle. Elle restera handicapée à vie. Pour toute la bande, c’est la spirale infernale…
Tout le monde connaît les Brigades rouges mais les groupes armés, que ce soit à l’extrême gauche ou à l’extrême droite, étaient nombreux à l’époque en Italie, en Italie mais aussi dans le reste de l’Europe. C’est ce qu’on appelle les années de plomb, vingt années durant lesquelles la violence, la poudre, le sang, ont tenté d’imposer leur loi sur des flics souvent ripoux et des politiciens pas beaucoup plus honnêtes. Initialement écrit pour un long métrage, ce récit inspiré de l’affaire Cesare Battisti retrace avec réalisme et force la vie de ces « seconds couteaux » de la lutte armée pris dans le tourbillon de l’histoire, de leur histoire. Un récit dense et captivant de plus de 200 pages au graphisme séduisant !
Eric Guillaud
La Poussière du plomb, de Henri Labbé, Dominique Heinry et Alexis Robin. Editions Delcourt. 23,95€