« Il faut bosser dur cette année. Pas de bonnes notes, pas d’avenir ». À 12 ans, Yong écoute les recommandations de son père et approuve. Il voudrait même l’écouter plus souvent. Mais il n’est jamais là. Ni le matin quand il se lève, ni le soir quand il se couche. Un courant d’air qui ramène à la maison – quand il daigne s’y arrêter – des dettes de jeux. Pas vraiment une bonne image pour Yong à qui on demande pourtant d’assumer l’absence du père, de devenir un homme, l’homme de la maison.
À un âge où il devrait partager ses moments de liberté avec les copains, Yong doit souvent gérer son petit frère et sa grand-mère. Sa mère fait ce qu’elle peut pour maintenir la maison à flot. L’argent manque, elle doit sous-louer une partie de l’appartement…
Plusieurs fois primé, adapté à la télévision, la roman de Dave Chua nous entraîne au coeur de la société singapourienne, dans les quartiers populaires érigés dans les années 60 pour éradiquer les bidonvilles. Une histoire finalement assez universelle qui pourrait tout autant se dérouler dans les quartiers de la banlieue parisienne ou de Marseille. Avec un trait fin, précis, et délicat, que l’on dit influencé par le travail de Geof Darrow, le dessinateur Koh Hong Teng, l’un des plus grands auteurs de BD de Singapour, signe une très belle adaptation. 276 pages en noir et blanc à savourer comme on savoure un album de Jirô Taniguchi, en prenant son temps…
Eric Guillaud
L’Homme de la maison, de Dave Chua et Koh Hong Teng. Editions Steinkis. 22 €