Lire du Baudoin n’est jamais le fait du hasard. C’est comme regarder du Godard ou du Alain Cavalier.
Vos yeux ne tombent dessus que si vous l’avez décidé. Pourquoi ? Plusieurs raisons. Baudoin, même s’il est une figure importante du Neuvième art, un des pionniers de la bande dessinée contemporaine, est finalement peu connu du grand public. Ses albums, plusieurs dizaines, sont relativement discrets au sein des bibliothèques ou des librairies. Ensuite, le trait noir, charbonneux, épais, sa proximité avec la peinture, son approche intimiste, ses thèmes existentiels et cette façon qu’il a eu très tôt de se mettre en scène, avant même que la chose devienne une mode, ne peuvent logiquement attirer qu’une certaine partie des lecteurs. Enfin, Baudoin est un artiste, un vrai, libre, un poète du trait qui ne va pas là où on l’attend. Oui, la lecture de Baudoin est exigeante, parfois âpre, mais la poésie est toujours au bout de l’aventure.
Dans cette intégrale publiée aux éditions Dupuis, les amateurs de Baudoin retrouveront trois de ses récits, Les Yeux dans le mur, Le Chant des baleines et Les Essuie-glaces, trois récits pour lesquels Edmond Baudoin, le chantre du noir et blanc, s’est aventuré dans la couleur. On y croise un peintre et son modèle, un voyageur lancé dans un quête de soi, un rêveur sur un quai de gare, trois destins, autant de voyages au pays de la poésie. Magnifiquement humain !
Eric Guillaud
Trois pas vers la couleur, d’Edmond Baudoin. Editions Dupuis. 28 euros
Le teaser d’un documentaire consacré à Edmond Baudoin et signé Laetitia Carton
EDMOND, un portrait de Baudoin (trailer) from Kaleo films on Vimeo.