07 Oct

Les Meilleurs ennemis (première partie 1783/1953), de David B. et Jean-Pierre Filiu. Editions Futuropolis. 19 €.

Dense. Dense et riche ! Le nouvel opus de David B. a pour ambition de nous narrer en bande dessinée les relations entre le Moyen-Orient et les Etats-Unis depuis leur création. Tout un programme ! Et un pari, un sérieux pari, relevé haut la main non seulement par le talentueux David B. mais aussi par Jean-Pierre Filiu, éminent spécialiste de la question, professeur à Sciences Po, auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels Mitterrand et la Palestine, Les Neuf vies d’Al-Quaida ou plus récemment Les Dix leçons de la révolution arabe. En clair, un homme qui sait de quoi il parle. Et un homme qui sait ce qu’il veut : « J’ai une passion ancienne et nourrie pour la bande dessinée… », déclare-t-il, « C’est ainsi que j’étais impressionné par la maturité et la densité de l’œuvre de David B., bien avant de faire sa connaissance. La qualité de la documentation et l’exigence de précision qui animent David, rejoignent mes propres préoccupations académiques et universitaires ». Et de fait, de rigueur et d’exigence, ce premier volet des Meilleurs ennemis n’en manque pas. Dès les premières pages, les auteurs offrent une sérieuse mise en perspective avec la mise en images d’un texte vieux de 2400 ans aux accents très contemporains, un texte qui raconte comment un roi compte défendre la sécurité de son peuple et les espoirs de l’humanité face à un démon uniquement soucieux de dominer, d’intimider et d’attaquer. Le bien contre le mal ! Et que dire de cet épisode raconté plus loin et qui revient sur la première intervention militaire des Etats-Unis contre la puissance « barbaresque » de Lybie pour mettre un terme à l’esclavage des Chrétiens. L’histoire se répète même si bien évidemment les raisons d’une intervention en Lybie ont aujourd’hui quelque peu changé. Un album passionnant et graphiquement sublime ! E.G.