03 Nov

La Bande Dessinée regarde le monde

Festival Forum des imagesOu comment le 9ème art s’associe au 7ème pour la 5ème édition du festival Un état du monde … et du cinéma au Forum des Images. Du 8 au 17 novembre 2013, ce festival a pour vocation d’analyser et de questionner le monde par le prisme du cinéma. Cette année, il accueille dans ces salles obscures « la BD, celle qui crayonne l’actualité et esquisse la marche du monde », dixit Laurence Hesberg, la directrice du forum des Images.

Chroniques historiques, romans graphiques ou reportages dessinés, tous les genres seront présents pour rendre compte de la vitalité d’un art pour raconter des histoires actuelles et les mettre en images.

Au programme, six rencontres appelées, tenez vous bien, apéros géopolitiques.

 

Je vous recommande :

–         l’excellent Patrick Chapatte. Suivant les traces du père de la BD-reportage Joe Sacco, le cartooniste helvète se met lui aussi en scène dans ses albums aux quatre coins du monde (Mexique, Liban, Palestine …) Le lundi 11 nov. à 19h avec Erwan Desplanques (Télérama), Patrick Chapatte (Le Temps) présentera BD Reporter : du Printemps arabe aux coulisses de l’Elysée .

–         Bertrand Tavernier sera aussi pour parler de son nouveau film adapté de la BD multi-primé Quai d’Orsay avec dessinateur Christophe Blain. Samedi 9 nov. à 18h

–         Vous pourrez prendre des Nouvelles d’Alain (édition les Arènes XXI) avec le dessinateur Emmanuel Guibert et bien sur le reporter photographe Alain Keler, lui qui a visité pendant 10 ans les villages de Roms au volant de sa vielle Skoda. Un thème toujours autant d’actualité. Mardi 12 nov. à 19h

–         Peut-être avez vous apprécié la nouvelle Revue Dessinée. Le vendredi 15 nov. ce sera l’occasion de rencontrer de des auteurs qui ont participé à ce premier numéro en enquêtant sur Les Pionniers du gaz de schiste : Daniel Blancou et Sylvain Lapoix.

Pour compléter ce regard porté sur le monde, à voir également sur place une exposition en partenariat avec la Cité Internationale de la Bande Dessinée et de l’Image d’Angoulême et des films adaptés de BD (Aya de Youpougon de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, Couleur de peau : miel de Laurent Boileau et Jung Sik-jun)

Didier Morel

Plus d’info sur le programme : Forum des Images

31 Oct

Après « Toby mon ami », Grégory Panaccione publie « Âme perdue » chez Delcourt

album-cover-large-20300230 pages avec une histoire muette ou quasi-muette, c’est un beau challenge. Il faut dire que Grégory Panaccione a de ce côté-là un peu d’entrainement. Son allbum précédent, Toby mon ami, une histoire de chien fou, était tout aussi muet. Mais attention, muet ne veut pas dire bâclé et donc à lire par dessus l’épaule un jour de pluie au milieu du mois de novembre en préprant un riz au lait pour les cousins de passage. Non, un récit de Panaccione se savoure et se lit calmement, comme le conseille l’auteur lui-même dans une note introductive. Donc, on respire, on s’allonge dans le meilleur canapé du coin et on ouvre l’album pour y découvrir une créature un peu étrange, un peu humaine mais pas complètement, qui s’éveille un beau jour, nu, au milieu de rien et découvre autour de lui un monde étrange, un monde où il fait froid, où il pleut souvent, où les dangers peuvent surgir de partout à tout instant et où les amis sont plutôt rares.

Sorti fin août mais bien évidemment encore disponible dans les meilleurs librairies du monde, Âme perdue est un récit à la fois profondément noir et drôle, une espèce de quête d’identité en même temps qu’une découverte de la vie avec un personnage dont on finira par comprendre qui il est et d’où il sort. Et toujours ce dessin vif et expressif réalisé sans crayonné préliminaire !

Eric Guillaud

Âme perdue, de Grégory Panaccione. Editions Delcourt. 19,99 euros

 

24 Oct

Lire ou ne pas lire ce 35ème album d’Astérix chez les Pictes ?

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad - Editions Albert René

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Editions Albert René

Astérix chez les Pictes signe-t-il le retour d’une potion goûteuse ou une fois de trop un album vraiment plus ragoutant ?

La question se pose tant il a été difficile d’assister à la lente agonie des dix derniers albums de la collection. Depuis 1980, Albert Uderzo a œuvré en solitaire après la mort de son formidable comparse, le scénariste René Goscinny. En plus du dessin, Uderzo s’est mis à écrire, a dilué les ingrédients qui ont fait le succès de la série, puis a sombré avec Le Ciel leur est tombé sur la tête, une mixture au goût de navet, du même tonneau que la pochade des Gendarmes et les Extra-Terrestres. Albert avait livré là son combat des chefs de trop et de lui nous préférons retenir le meilleur album sur le plan graphique Astérix et Cléopâtre et le plus drôle malgré les années, le premier Astérix le Gaulois.

Evidemment, l’a priori est ici favorable quand on sait que Jean-Yves Ferri est entré en cuisine, lui, qui associé au talentueux Manu Larcenet, a signé un grand Retour à la Terre, sans oublier le chef d’œuvre d’humour de la 5ème République De Gaulle à la Plage. De nombreux pièges attendaient Ferri (4 pièges identiques déjà identifiés dans des séries tout autant codifiées comme Lucky Luke ou Blake et Mortiner). Son parti pris de reprendre un à un tous les éléments de la potion originale rassurera le lecteur le plus sourcilleux. Dès la première case nous retrouvons le village avec tous ses personnages, tels que nous les avons toujours connus; arrive ensuite un voyage à l’étranger, dans la grande tradition d’Astérix chez les Bretons, chez les Helvètes, chez les Belges … ; un couple d’amoureux à réunir Mac Oloch & Camomilla (Astérix Légionnaire Tragicomix & Falbala) ; et bien sûr tout ce qui fait le sel et l’humour de la série la plus vendue et la plus traduite : les jeux de mots ( Mac Abbeh, Mac Robiotik …), le comique de répétition («Non, je ne suis pas gros »), les caricatures (cette fois ci, jouez à retrouver Johnny Halliday et Vincent Cassel) et les anachronismes (les pictogrammes). En fait, il ne manque qu’une maxime latine et le pirate Triple-patte qui les prononce en guise de consolation quand le bateau coule. Nous pouvons suggérer aux latinophiles : A cane non magno sæpe tenetur aper.

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad - Editions Albert René

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Editions Albert René

Tout est là donc et bien là comme dans une impression de déjà vu, impression amplifiée par les dessins réalisés à la perfection par Didier Conrad (Les Innommables), un véritable moine copiste surveillé par Uderzo lui-même.

Au final, le succès annoncé de cet album en terme de vente depuis plusieurs semaines, aura bien lieu. Le lecteur de tout âge y trouvera son compte de sesterces dans cette nouvelle potion comme à l’ancienne. Mais il faudra attendre encore quelques albums pour que ce nouveau tandem d’auteurs épice ses recettes gauloises et montre que c’est aussi pour leur talent inventif qu’ils ont été choisis. Comme dirait l’autre : Cave Carmen,  soit en dans un latin de cuisine Craignez de succomber au Charme … de cette potion !

Didier Morel

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Les Editions Albert René

Pour le plaisir de se replonger dans la marmite des origines l’expo avec un point d’exclamation Astérix à la BNF !

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Les Editions Albert René

Astérix chez les Pictes par Jean-Yves Ferri & Didier Conrad – Les Editions Albert René

Pour le plaisir, la B.O. du film d’Alain Chabat :

Snoop Dogg & Jamel Debbouze Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

18 Oct

Les Utopiales, festival international de science fiction de nantes, se tiendront du 30 octobre au 4 novembre

utopialesNé avec le nouveau millénaire, le festival international de science fiction de Nantes s’intéressera pour sa quatorzième édition aux autres mondes avec cette question : quels sont ces autres mondes possibles, quelles sont ces réalités en émergence ?

Que vous soyez passionnés de Littérature, de sciences, de cinéma, d’arts plastiques ou de bande dessinée… c’est l’endroit où vous devriez trouver toutes les réponses à vos interrogations et à vos attentes d’imaginaires.

Des conférences, des débats, des expos, des films, un workshop, 200 invités… Les Utopiales sont le plus grand rendez-vous du genre en Europe.

Côté BD, séances de dédicaces, tables rondes et rencontres rythmeront les 6 jours du festival avec notamment, parmi les invités, Arleston, Denis Bajram, David Chauvel, Régis Hautière, Rémi Gourrierec, Frédérik Peeters, Luc Schuiten, Philippe Squarzoni, Fabien Vehlmann, Bastien Vivès, Yoann…

Un prix du meilleur album de science fiction sera décerné à cette occasion.

Les albums en compétition sont : Au pays des ombres de Jean-Marc Mathis et Thierry Martin, Les fantômes – Rork d’Andréas, Joe l’aventure intérieure de Grant Morrison et Sean Murphy, Sailor Twain ou la sirène dans l’Hudson de Mark Siegel, Souvenirs de l’empire de l’atome de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse, Le décalage – Julius Corentin Acquefacques T6 de M-A Mathieu,  L’entrevue de Manuele Fior.

Eric Guillaud

Plus d’infos sur le site du festival

 

13 Oct

Paris : Astérix s’expose à la BNF du 16 octobre au 19 janvier !

afficheasterix750-faf09-35c57350 millions d’albums vendus à travers le monde dans 107 langues et dialectes différents, aucun doute, Astérix est un personnage légendaire du Neuvième art. Et ses albums ont depuis longtemps intégré les meilleurs bibliothèques de France comme la BNF. Mieux, ce temple de la culture parisien a hérité en mars 2011 des planches originales de trois albums d’Astérix : Astérix le Gaulois, le premier titre de la série, La Serpe d’or, le deuxième titre et Astérix chez les Belges, le 24e album publié après le décès de René Goscinny.

Ces planches originales figurent bien évidemment au coeur de l’exposition présentée par la BNF. Une exposition qui se décline en trois parties : la jeunesse et les débuts d’Uderzo et Goscinny dans le monde de la bande dessinée, la naissance d’Astérix puis le phénomène Astérix, vu notamment à travers son expansion nationale et internationale, ses adaptations cinématographiques…

Eric Guillaud

Plus d’infos sur le site de la BNF

11 Oct

Paris : une exposition autour de l’histoire de l’immigration dans la bande dessinée

affiche_albumsRaconter l’immigration autrement ! C’est la noble ambition que se sont donnés les organisateurs de cette exposition intitulée « Albums » et présentée du 16 octobre au 27 avril au Musée de l’histoire de l’immigration dans le 12e arrondissement de Paris.

Plus de 200 pièces, documents originaux, planches de BD, esquisses, croquis préparatoires, photographies, documents d’archives, permettront d’envisager le phénomène dans la bande dessinée depuis la conception des planches jusqu’à leur réception par le lecteur.

L’exposition comportera trois parties. Une première se penchera sur la trajectoire de certains auteurs comme René Goscinny, Albert Uderzo, Enki Bilal, Farid boudjellal… Une deuxième partie explorera les genres utilisés pour évoquer cette question de l’immigration. Enfin, une troisième partie se concentrera sur la représentation du migrant dans les bandes dessinées.

Plus d’info sur le site internet du musée

Eric Guillaud

08 Oct

René Pétillon en tournée de dédicaces dans l’Ouest pour son album « Palmer en Bretagne » paru chez Dargaud

Dargaud / Rita Scaglia

Dargaud / Rita Scaglia

Jack Palmer est de retour et ça va faire mal ! Pour sa quinzième aventure, le détective catastrophe de René Pétillon s’offre la Bretagne et les Bretons sous un déluge d’algues vertes, de maladresses et d’humour. Résultat des courses, 20000 exemplaires écoulés en deux semaines entre Saint-Malo et Nantes.

Tout ça valait bien une tournée générale de dédicaces. Il suffisait de demander ! René Pétillon sera le 11 octobre à Rennes (librairie Le Failler), le 16 octobre à Brest (Librairie Dialogues), le 17 octobre à Quimper (librairie Ravy), le 19 octobre à Pont-Aven (pension Gloanec) et Lorient (Fnac), le 23 octobre à Vannes (librairie Cheminant), le 25 octobre à Ploemeur (librairie Sillage) et enfin le 26 octobre à Nantes (librairie Coiffard).

Eric Guillaud

 

Dargaud / Pétillon

Dargaud / Pétillon

 

04 Oct

L’affiche du prochain festival international de la bande dessinée d’Angoulême signée Willem dévoilée

1234466_632666120088976_1365816448_nLe FIBD a dévoilé l’affiche de l’édition 2014, une affiche signée Willem élu Grand prix de la ville d’Angoulême en janvier 2013 et donc président de la 41e édition qui se déroulera du 30 janvier au 2 février. Si vous ne connaissez pas – ou mal – Willem, direction le site du festival et plus particulièrement ce portrait.

Eric Guillaud

30 Sep

« Revenants » et « Uriel Samuel Andrew », deux histoires de vétérans de la guerre d’Irak

Hasard des calendriers, les éditions Futuropolis et Casteman publient à quelques jours d’intervalle deux ouvrages ayant pour thème les vétérans de la guerre d’Irak. Un thème identique mais un traitement sensiblement différent puisque le premier, « Uriel Samuel Andrew », est une fiction, le second, « Revenants », un documentaire.

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Welcome home ! Uriel, Samuel et Andrew sont enfin de retour au pays et ils sont visiblement attendus. Tout le village s’est mobilisé pour les accueillir en véritables héros eux et 36 autres soldats qui en ont définitivement fini avec l’Irak. Définitivement ? Pas vraiment. Après le temps des retrouvailles, des embrassades et des cris de joie vient celui pas si simple du retour à la vie normale et pour certains de la descente aux enfers. Comme pour nombre de vétérans, le quotidien d’Uriel, Samuel et Andrew est hanté par la guerre. Tous les trois ont des hallucinations le jour, font des chauchemars la nuit, pètent les plombs pour un rien, sombrent dans l’alcool ou la drogue… Et pourquoi se plaindraient-ils ? Tant de copains n’ont pas eu la chance de revenir vivants ou entiers !

Ce récit de près de 200 pages en noir et blanc est tellement senti et juste qu’on le croirait écrit par un vétéran, tout au moins par un Américain. Rien de tout cela, Will Argunas est un auteur bien français, certes empreint de culture nord-américaine. Il décrit le difficile retour à la vie civile des vétérans d’Irak et le trouble de stress post-traumatique qui affecte 20 % d’entre-eux. Au passage, l’éditeur nous rappelle que 18 vétérans d’Irak et d’Afghanistan se suicident chaque jour, ce qui dépasse de loin le nombre de morts sur le terrain. Effrayant !

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Olivier Morel, lui, est citoyen américain. Ce Français d’origine s’est installé aux Etats Unis en 2005 et a obtenu sa naturalisation trois ans plus tard. Il est aujourd’hui réalisateur de films documentaires et auteur de séries radiophoniques. Il a notamment réalisé « L’Âme en sang », un documentaire sur les traumatismes laissés par la guerre en Irak sur les soldats. C’est le tournage de celui-ci et notamment la rencontre entre le réalisateur et les différents acteurs, pardon les différents vétérans, que nous raconte Revenants. Conçu comme un complément au documentaire, l’album s’arrête sur les mondes intérieurs des vétérans, ceux qui ne peuvent se voir dans l’objectif d’une caméra.

C’est Maël, (Les Rêves de Milton, Notre Mère la guerre...) qui s’est chargé de la mise en image. Son trait réaliste, sobre, ses planches au lavis, souvent en noir et blanc, parfois monochromes, nous plongent littéralement dans ce récit du réel, à des années lumière du rêve américain. Au delà de cette rencontre avec les vétérans, Revenants nous parle d’une société malade « qui se paie elle-même la fausse monnaie de son rêve ».

Eric Guillaud

Revenants, de Maël et Olivier Morel. Editions Futuropolis. 19 euros

Uriel Samuel Andrew, de Will Argunas. Editions Casterman. 16 euros

04 Jan

Hal Far, Le Faucon du désert (tome 2), de Franz Zumstein. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Direction le désert de Libye où nous retrouvons le jeune Ali qui a enfin pu intégrer l’Afrika Korps et donner corps à son rêve le plus fou : voler dans les chasseurs allemands. Mais son ambition de devenir un grand pilote est remise en cause lorsqu’un reporter de guerre vient mourir dans ses bras en lui demandant une faveur : transmettre une lettre à sa fiancée à Munich. Ali s’envole aussitôt pour l’Allemagne, manquant de peu sa propre fiancée, Aïcha, venue lui annoncer qu’elle est enceinte de lui… 

Si vous avez dévoré comme Franz Zumstein les aventures de Buck Danny, Dan Cooper ou encore Tanguy et Laverdure, alors vous devriez dévorer les aventures du jeune Ali. Prévues en trois volets, elles nous offrent non seulement de magnifiques scènes de voltige mais également une somptueuse histoire d’amour entre le personnage principal et la belle Aïcha. Pour les amoureux d’aviation et de grande aventure !  E.G.