13 Juin

La Quatrième dimension et demie, Seuls (tome 6), de Gazzotti et Vehlmann. Editions Dupuis. 10,45 euros.

Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry viennent enfin de comprendre : ils sont morts ! Livrés à eux-mêmes dans une ville qu’ils pensaient jusqu’ici désertée par ses habitants, les cinq enfants vont avoir peu de temps pour tenter de comprendre ce qui leur arrive exactement et pourquoi il se sont tous retrouvés à cet endroit, dans cette ville, dans ce monde appartenant à la quatrième dimension et demie. En effet, Saul, leur ennemi de toujours, et sa mauvaise bande sont en train de s’approprier la ville à coup de tags sur les murs. Un soleil  dessiné au coin de la rue et c’est un quartier acquis ! Avant que Saul ne devienne le seul maître des lieux, Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry vont devoir réagir. Plus rien dès lors ne pourra empêcher l’escalade de la violence…

Le dessinateur Bruno Gazzotti, qui animait précédemment la série Soda, et le scénariste Fabien Vehlmann, qui vient quand à lui de reprendre la destinée de Spirou et Fantasio en compagnie de Yoann, nous offrent ici un sixième album très rythmé et plaisant à lire. Une série tous publics ! E.G.

L’info en +…

Les éditions Dupuis vous proposent de devenir l’un des héros de la BD et de tenir un véritable rôle dessiné et scénarisé par les auteurs dans le prochain tome. Pour celà, il vous suffit de vous rendre sur le site www.seuls-labd.com et de relever le défi !

12 Juin

Coluche, Dossier Michel Vaillant, de Gillet, Courly et Graton. Editions Graton – Dupuis. 19,95 euros.

Après Ayrton Senna, Jacky Ickx, Gilles Villeneuve, Enzo Ferrari, James Dean ou encore Alain Prost, la collection Dossier Michel Vaillant revient avec ce nouvel album sur l’histoire d’un mec pas franchement ordinaire, un mec généreux, drôle, passionné, adulé aussi par des millions de Français : Coluche. Personne ne l’aura oublié, le génial humoriste était aussi un amoureux de la belle mécanique sur deux roues, un fan des VMax, Honda et autres Harley, un roi du tuning et un pilote chevronné qui fréquenta quelques circuits, notamment pour établir le record de vitesse en 750 cc. Un vrai record, comme ça, pour la beauté du geste ! La moto, c’était sa vie, un style de vie même… et elle marquera aussi sa mort. En juin 1986, un camion coupe la route à Coluche quelque part dans le sud de la France… On connaît la suite… Ce Dossier Michel Vaillant revient donc sur la vie de ce personnage hors du commun avec des textes signés de son copain Bruno Gillet, des témoignages, des photos d’archives personnelles, des images de presse et des dessins. 20 planches de BD signées par le studio Graton reconstituent les scènes clés de ce parcours… E.G.

11 Juin

Pour la vie, de Stassi et Goupil. Editions Casterman. 14 euros.

C’est une de ces petites histoires comme il s’en vit des millions par jour à travers le monde. De ces petites histoires qui font au mieux deux ou trois lignes dans le journal, écrites par un correspondant local. Généralement, on ne s’y attarde pas et on oublie aussitôt la page tournée. Jacky Goupil n’a pas oublié, lui, l’histoire de Fernand et Edith, deux octogénaires qui après avoir fêté leur cinquantième anniversaire de mariage se sont jetés ensemble sous les roues d’un train. Et ne voyez pas là un geste désespéré mais plutôt un geste d’amour. Car après 18250 jours de vie commune, de bonheur partagé, de difficultés surmontées, les deux tourtereaux ne supportaient pas l’idée que la mort puisse les séparer et condamner l’un d’eux à la solitude. Pour la vie raconte donc le parcours ordinaire de ce couple bien décidé à mourir par amour. Un parcours qui nous replonge dans la France depuis les années 50 jusqu’au début des années 2000 avec en arrière plan les événements qui ont fait cette fois la grande histoire, tels que la mort de de Gaulle ou d’Humphrey Bogart, l’élection de François Mitterrand, la sortie du film Les Tontons flingueurs, l’enterrement de la môme Piaf, l’appel de l’Abbé Pierre, l’éclipse du soleil du 11 août 1999 ou encore Mai 1968… Un récit passionnant ! E.G.

08 Juin

Fête des morts, de Olivier Cinna et Stéphane Piatzszek. Editions Futuropolis. 18 euros.

Bienvenue au Cambodge, son soleil, ses plages… et ses pédophiles ! La réalité est là, dure, implacable, visible à chaque coin de rue, plus palpable encore pour Serge, un flic français. Il est chargé de collaborer avec la police cambodgienne dans la traque de ces touristes sexuels. Et Serge n’est pas tendre avec eux. Il a même plutôt la main lourde, ce qui ne plaît guère aux voyous qui vivent de cet odieux business. De fait, Serge se fait lui aussi régulièrement tabassé… Drôle de pays ! Trois semaines qu’il a atterri ici, lui qui aime le froid. « Ici… », dit-il, « c’est comme être dans un four avec une casserole d’eau sur la tête ». Serge croit que c’est la chaleur qui le tuera. Peut-être… Peut-être pas ! En attendant, Serge poursuit son boulot dans un univers glauque et nauséabond…

Après Cavales, Neverland et Commandant Achab, Stéphane Piatzszek s’associe à Olivier Cinna pour nous offrir un polar inhabituel par sa géographie mais radicalement noir. « J’aimais l’idée d’un polar sous les tropiques… », précise le scénariste, « Ca donne tout de suite un contraste à l’histoire qu’on raconte : le grand soleil, l’Océan indien immense et la noirceur du monde des pédophiles ». L’histoire est bien évidemment très dure et le graphisme très enlevé d’Olivier Cinna, proche de l’esquisse, nous plonge dans une atmosphère lourde, poisseuse, au milieu de personnages franchement peu recommandables. « J’aime son trait, pas loin de l’épure, qui va à l’essentiel, qui ne s’encombre de rien et fait toujours mouche… Et puis, bon sang, il n’a jamais été en Asie et il la dessine comme s’il y était né, ça me dépasse ! ». Un voyage au coeur des desseins les plus sombres de l’humanité ! E.G.

01 Juin

Jerry Spring, Buck Danny… le bonheur en intégrale !

Trois partout ! D’un côté, le cowboy Jerry Spring. De l’autre, l’aviateur Buck Danny. Des dizaines d’aventures à eux deux, des années de métier, plusieurs générations d’aficionados et la parution en ce mois de juin du troisième volume de leur intégrale respective. L’Intégrale Jerry Spring pour commencer réunit quatre aventures parues en album au début des années 60, Fort Red Stone, Le Maître de la sierra, La Route de Coronado et El Zopilote, accompagnés d’un cahier graphique contenant de nombreux documents inédits, photos, peintures de l’auteur, couvertures, illustrations… A noter que ces quatre grandes aventures présentées ici sont aussi les premiers scénarios de Philip, le propre fils de Jijé. Par ailleurs, l’histoire La Route de Coronado a été encrée par un autre grand du Neuvième art et du western, Jean Giraud, qui animera plus tard les aventures du célèbre Lieutenant Blueberry

Charlier et Hubinon… Un tandem magique pour une série mythique ! C’est à la fin des années 40 qu’ils imaginent leur personnage en prenant pour modèles des héros de la Seconde guerre mondiale. 60 ans après, Buck Danny n’a pas pris une ride, évoluant dans un monde qui a lui radicalement changé tant sur le plan géopolitique que technique ! 52 épisodes, des milliers de planches, des heures et des heures de vol… et Buck Danny fait toujours rêver les amoureux de l’aviation comme les inconditionnels de l’Aventure avec un grand A. Ce troisième volume de l’intégrale qui lui est consacrée réunit quatre grandes aventures : Les Trafiquants de la mer rouge, Les Pirates du désert, Les Gangsters du pétrole et Pilotes d’essai. A l’instar des différents volumes des intégrales Dupuis, celui-ci comporte en ouverture un cahier de 24 pages rassemblant témoignages, photos, illustrations, notes de travail…

Du grand classique ! E.G.

Dans le détail :

L’intégrale Jerry Spring (tome 3), de Jijé et Philip. Editions Dupuis. 24 euros.

L’intégrale Buck Danny (tome 3), de Hubinon et Charlier. Editions Dupuis. 24 euros.

26 Mai

Les Autres gens (tomes 1 et 2), de Cadène et collectif. Editions Dupuis. 14,95 euros le volume.

30 millions d’euros ! Ca fait combien au juste 30 millions d’euros ? Pour le commun des mortels, ça fait beaucoup… Vraiment beaucoup. C’est le genre de montant qui ne parle en fait à personne. Alors, Mathilde cherche une image plus parlante et parvient à ce résultat : « Ca fait 2500 ans à 1000 euros par mois ». De quoi s’exclamer aussitôt « Merde… » et de rajouter : « Il me faut une clope ». On la comprend ! Mathilde vient de gagner 30 millions d’euros au Loto. Sans jouer ! C’est un homme, Hippolyte Offman, qui a souhaité partager ses gains avec elle. Mathilde ne le connaît pas. Elle lui a juste donné trois numéros pour compléter sa grille. 30 millions d’euros pour trois numéros et deux petites secondes de réflexion ! De quoi changer définitivement une vie. De quoi aussi faire de Mathilde une héroïne principale et non plus une simple figurante, une anonyme parmi tous les autres gens….

Mathilde, Irène, Henry, Camille, Hippolyte, Arnaud, Emmanuel, Romain, Faustine, beaucoup de gens, beaucoup d’amour, un peu de haine parfois, des petits bonheurs, des malheurs aussi, des doutes, des rencontres… Voilà de quoi est fait Les Autres gens. Des morceaux de vraie vie et au début un conte de fée. C’est sur internet, en mars 2010, qu’est née cette bédénovela, nouveau terme pour désigner les feuilletons en bande dessinée. Depuis, plus de 2000 pages de BD ont été mises en ligne et sont accessibles après s’être acquitté d’un droit d’entrée. Tomas Cadène signe le scénario de ce feuilleton quotidien. Quant au dessin, on retrouve plusieurs signatures, du beau monde, rien que du beau monde ! Jugez plutôt : Vincent Sorel, Erwann Surcouf, Bastien Vivès, Chloé Cruchaudet, Aseyn… Cette très belle initiative est aujourd’hui reprise en version papier. Deux albums ont été publiés à ce jour chez Dupuis, un troisième devrait sortir  sous peu, permettant ainsi à tout un chacun de découvrir une œuvre vive, spontanée, novatrice, intelligente et globalement géniale ! E.G.

L’info en +

Pour découvrir Les Autres gens version web, c’est ici ou  !

25 Mai

Un Sac de billes (première partie), de Kris et Vincent Bailly, d’après le roman de Joseph Joffo. Editions Futuropolis. 16 euros.

Avec ses 25 millions d’exemplaires vendus et ses dizaines de traductions à travers le monde, y compris en chinois, Un Sac de billes fait bel et bien figure de classique de la littérature, un classique jadis adapté au cinéma par Jacques Doillon et aujourd’hui en bande dessinée sous la plume de Kris et le pinceau de Vincent Bailly. Et nos deux compères nous offrent là un album de très haute tenue, un petit bijou narratif et graphique auquel l’auteur du roman, Joseph Joffo himself, a rendu un hommage en des termes pour le moins flatteurs : « La parole est la suite logique de la pensée, l’écriture en est la synthèse et les images en sont la récompense ». Tout est dit ! Et tellement bien dit. Mais ce n’est pas étonnant. Kris, dont on a déjà pu admirer le talent de conteur dans Toussaint 66, dans le sublime Un Homme est mort ou encore dans Notre mère la guerre aime par dessus tout les récits qui ont du fond, de la consistance, de la matière, du discours, des larmes, de la sueur, de l’humain, de l’humanité. Un Sac de billes était pour lui ! Dans la lettre qu’il adresse en 2008 à Joseph Joffo pour lui demander l’autorisation d’adapter le roman en bande dessinée, Kris écrit : « Nul ne sait quel homme, ou quel enfant, il serait en temps de guerre. Mais je pense qu’on peut tout de même se situer à peu près en temps de paix. Des livres comme le vôtre nous aident en tout cas à nous déterminer. Et à tenter de renvoyer, pour toujours, de potentiels futurs récits comme celui d’Un Sac de billes dans le domaine de la pure fiction… ». Et c’est la valeur intemporelle du récit qui a finalement décidé Kris à faire du livre une bande dessinée. Avec son coup de crayon magique, à la fois léger et précis, et ses couleurs douces, délicates, Vincent Bailly a pour sa part magnifiquement recréé l’atmosphère de ces années noires et nous offre un nouveau regard sur cette histoire, sur  Joseph, son frère Maurice et tous ces personnages confrontés à la barbarie nazie. Un très très très beau travail prévu en deux tomes ! E.G.

24 Mai

Cent mille journées de prières (livre premier), de Loo Hui Phang et Michaël Sterckeman. Editions Futuropolis. 20 euros.

Dans la cour de l’école, Louis est régulièrement victime de moqueries et de provocations de la part de ses camarades. Certains le surnomment même Bruce Lee et miment quelques mouvements de kung-fu à chaque fois qu’ils peuvent le croiser. De quoi agacer le jeune garçon et lui rappeler qu’il est différent ! Louis est Eurasien, sans doute le seul sans cette banlieue d’une grande ville normande. Il vit avec sa mère, une infirmière, et ne connaît de son père absolument rien. Qui est-il ? Où est-il ? Que fait-il ? A quoi ressemble-t-il ? Autant de questions que le petit Louis se pose et confie à son canari, son seul copain, son confident. Et inutile d’interroger sa mère, il le sait, cette mère qui se mure dans un silence pesant quand elle ne fond pas en larmes. Et puis, un jour, une famille cambodgienne se réfugie chez eux, une famille que semble très bien connaître sa mère… et son père. Louis découvre alors une langue, une cuisine, une culture différente et obtient enfin quelques bribes d’informations sur ce père tant rêvé…

Avec l’histoire de ce petit garçon de huit ans, confronté au racisme « ordinaire » et en même temps à un lourd secret de famille, Loo Hui Phang fait écho à sa propre vie. En préface à l’ouvrage, elle raconte comment son père lui a appris il y a quelques années qu’il avait eu un frère et trois de ses sœurs, dont elle ignorait totalement l’existence, assassinés par les khmers rouges. « En quelques minutes, j’ai vu surgir puis disparaître une partie de ma famille… »,confie Loo Hui Phang, « Cette révélation a donné un visage à mes cauchemars. Il est des événements familiaux qui se muent en secrets, retenus sous un voile de pudeur. Enterrés sous des années de silence, ils continuent de hanter les vivants, d’opérer dans l’ombre leur travail de destruction… ». Avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, Loo Hui Phang parle ici de la souffrance d’un jeune garçon à la recherche de ses origines, de ses racines, pour peut-être mieux supporter cette différence qu’on lui fait remarquer chaque jour ! Et pour mettre en images cette quête fortement intime, le dessinateur Michaël Sterckeman qui a l’habitude d’explorer les rapports humains dans ses récits nous offre cent vingt pages en noir et blanc d’une très grande subtilité. Une histoire en deux volumes à découvrir sans tarder ! E.G.

16 Mai

Scènes d’un mariage imminent, de Adrian Tomine. Editions Delcourt. 9,40 euros.

Drôle et tendre à la fois ! Encore plus, peut-être, pour tous ceux qui ont directement vécu la préparation d’un mariage. Car Scènes d’un mariage imminent, comme son titre l’indique clairement, revient sur cette importante étape de la vie et sur tous ces petits riens qui font au final le grand tout. Les invitations, le plan de table, le choix de la musique, les fleurs, la liste de mariage, la salle de réception, les cadeaux pour les invités, la robe… tout est passé à la moulinette par l’Américain Adrian Tomine, auteur précédemment de Loin d’être parfait et de Blonde platine. Et on sent le vécu ! Pour la simple et bonne raison que cet album au format poche paru chez Delcourt est à l’origine un petit fascicule que l’auteur a souhaité offrir à ses amis le jour de son propre mariage ! Un album à offrir à tous ceux qui envisagent de dire oui pour la vie ! E.G.

15 Mai

Chili con carnage, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu (tome 1), de Lupano, Salomone et Pieri. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Lupano, Salomone et Pieri… Pas étonnant que ces trois là, avec leurs noms à consonance italienne, jouent dans le western tendance spaghetti. Le premier volet de L’homme qui n’aimait pas les armes à feu vient de paraître. Son titre : Chili con carnage. Tout est dit ou presque ! Une poursuite des plus infernales quelque part dans le désert brulant d’Arizona. Une poursuite qui met en scène des bons (pas beaucoup quand même), des brutes (déjà plus nombreux) et surtout des truands (par paquets de 12), tous à la recherche d’un mystérieux document qui, dit-on, pourrait changer le cours de l’histoire des Etats Unis d’Amérique. En attendant cet éventuel dénouement, le lecteur aura l’honneur et l’avantage de suivre les tribulations d’une galerie de personnages particulièrement atypiques comme l’avocat Byron Peck, la classe en toutes circonstances, l’imposant et quelques peu rustre Monsieur Hoggaard, la sulfureuse Margot de Garine, aristocrate franco-russe, et Manolo Cruz, chef d’une horde de pistoleros mexicains pilleurs de trains. Mais attention, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu n’est pas uniquement ou complètement, comme le signale le scénariste Wilfrid Lupano, un western. « Il parle d’un des mythes fondateurs de l’Amérique triomphante : le flingue. Le premier tome est donc totalement dans les clichés de l’Ouest, très premier degré, mais c’est pour mieux questionner ces clichés par la suite. Et peut-être même que le lecteur apprendra une ou deux choses assez surprenantes, à l’occasion… ». Un récit survitaminé, des dialogues savoureux, des personnages qui ont beaucoup de caractère et, enfin, un graphisme signé Paul Salomone tout à fait remarquable, qui plus-est pour un premier album. Explosif ! E.G.