19 Fév

Rien à déclarer, d’après le film de Dany Boon, par Veys, Rudowski, Turalo et Dumas. Editions Delcourt. 10,50 euros.

D’un côté, il y a le film, sorti en salles début février. De l’autre, il y a la bande dessinée réalisée par Veys, Turalo et Rudowski pour les éditions Delcourt. Que vous soyez donc Neuvième ou plutôt septième art, impossible d’ignorer cette nouvelle production signée Dany Boon qui, après les Ch’tis, s’attaque à une autre institution : la douane. Ne cherchez pas dans cet album une quelconque différence scénaristique, il s’agit bien de l’adaptation pure et simple et néanmoins talentueuse du film. On y retrouve donc les deux ennemis de toujours Ruben Vandevoorde (Benoît Poelvoorde dans le film) et Mathias Ducatel (Dany Boon), douaniers de profession, au moment où ils apprennent la disparition prochaine de leur poste frontière respectif situé dans la commune de Courquain France et Koorkin Belgique. Le premier, francophobe de père en fils, et le second, secrètement amoureux de la sœur du premier, vont inaugurer la première brigade volante mixte franco-belge et sillonner ensemble les routes de campagnes frontalières à bord d’une 4L d’interception des douanes internationales… A noter que l’adaptation du scénario a été réalisée par Pierre Veys, déjà responsable de l’adaptation en BD de Bienvenue chez les Ch’tis et que Dany Boon fait don de l’intégralité de ses droits d’auteur à l’association caritative Le Ch’ti fonds… E.G.

Les Larmes de l’assassin, de Thierry Murat. Editions Futuropolis. 18 euros.

Par chance, Angel Allegria n’a jamais tué d’enfant. Paolo aura donc la vie sauve. Pas ses parents ! Angel est un assassin sans vergogne, un assassin en cavale, qui plus-est, fatigué de toujours devoir fuir. Lorsqu’il arrive à la ferme des Poloverdo, une ferme isolée au sud du Chili, en Patagonie, Angel comprend tout de suite qu’il a trouvé là le refuge idéal. Mais il va d’abord devoir tuer le fermier et sa femme. Deux morts de plus à mettre à son actif, peu de chose au final pour une tranquillité assurée. Quant à l’enfant, Paolo, il pourra peut-être lui être utile à quelque chose, à préparer la soupe par exemple. Au fil des mois, entre l’assassin et le petit garçon naît une relation affective particulière qui sera troublée par l’arrivée d’un autre voyageur, un certain Luis Secunda…

Après Le Poisson-chat, album paru aux éditions Delcourt, Thierry Murat signe ici une libre adaptation du roman de Anne-Laure Bondoux, Les Larmes de l’assassin. Entre roman d’aventure, roman policier et roman psychologique, ce livre, maintes fois récompensé et traduit dans une quinzaine de langues, nous convie à un vertigineux voyage au cœur des sentiments humains les plus complexes. Comme l’écrit l’auteure, « Les Larmes de l’assassin s’ouvre sur un crime et se construit autour d’une histoire d’amour ambiguë ». Tout en restant fidèle à l’essentiel, Thierry Murat offre une adaptation enrichie de sa propre sensibilité avec des planches à l’atmosphère ténébreuse, de grandes vignettes restituant des paysages désolés, une palette de couleurs sombre, un trait charbonneux et un texte ramené à l’essentiel. E.G.

 

14 Fév

La Maison de pain d’épice, journal d’un disque, de Cleet Boris. Editions Dupuis. 22 euros.

Les amateurs de musique comme les fans de BD connaissent bien Cleet Boris. Depuis le milieu des années 80, l’homme reconnaissable à sa petite houppette sur la tête, mène de front deux carrières, une de musicien et une autre, plus modeste certes, d’auteur de bande dessinée. Côté BD, l’album J’ai réussi, publié chez Magic Strip, ouvrait le bal en 1985 tandis que le disque Chic planète propulsait d’un coup d’un seul L’Affaire Louis’Trio, son groupe, dans les plus hautes sphères du showbiz. C’était en 1987 ! Quelques années et millions de disques vendus plus tard, Cleet Boris, alias Hubert Mounier, arpente toujours la scène musicale française avec la même flamme, la même passion. Preuve en est la sortie prochaine, le 22 février pour être précis, de La Maison de pain d’épice, son quatrième disque solo, mais aussi, et sous le même titre, de son cinquième album de bande dessinée.

Publiée chez Dupuis, cette BD se présente comme un journal dessiné dans lequel Cleet Boris raconte sur un ton parfois amusé, plus souvent grave, le processus de création de ce fameux disque mais aussi le chemin parcouru depuis L’Affaire LouisTrio, un chemin long et sinueux marqué par des moments de doute, des moments heureux comme la naissance de sa fille Justine ou malheureux comme le décès de François Lebleu, autre musicien de L’Affaire Louis’Trio… Au fil des pages, Cleet lève le voile sur quelques rencontres providentielles ou non, sur pas mal de déboires professionnels aussi. On y croise un inaccessible Benjamin Biolay, un Johnny devenu l’emblème national par la volonté d’un certain Nicolas Sarkozy ou encore Sly et Etienne Daho. Au final, La Maison de pain d’épice est un très très bel album tant dans la forme que dans le fond, un récit étonnant, coloré, rythmé, bourré de clins d’œil notamment au monde du Neuvième art. Un chic album en quelques sortes… et un personnage très attachant ! E.G.
 

13 Fév

Mathias, Jérôme K. Jérôme Bloche (tome 22), de Dodier. Editions Dupuis. 11,95 euros.

Jérôme K. Jérôme Bloche arrêté par le GIGN et placé en garde à vue ! Vous doutez ? C’est pourtant une réalité. En voulant secourir une vieille dame, notre détective au grand cœur se retrouve en effet impliqué dans une sombre affaire de gangster. Et pas de n’importe quel gangster puisqu’il s’agit de l’ennemi public n°1, un certain Mathias, recherché par toutes les polices de France depuis son évasion spectaculaire en hélicoptère. De quoi rendre à cran effectivement les forces de l’ordre qui dans la confusion et la tension du moment vont confondre le Mathias en question avec le pauvre Jérôme K. Jérôme Bloche. Et s’il était au bout de ses peines notre Jérôme… Mais non, il va aussi se faire kidnapper par un couple de malfrats, lui-aussi à la recherche, mais pour d’autres raisons, de l’évadé…

Notre Jérôme national est de retour pour une vingt-deuxième aventure pleine de suspense, de rebondissement et de charme. Comme les précédentes ! Comme celles qui suivront ! Car la série, récompensée par un Fauve au Festival d’Angoulême en 2010 fait aujourd’hui partie des grands classiques du Neuvième art, des grands classiques mais avec une touche de fantaisie, d’humanité, de sensibilité qui fait la différence. Avec son feutre, son vieil imperméable à la Columbo et son solex, Jérôme K. Jérôme Bloche, bientôt 30 ans d’activité au service du Neuvième art , est un héros du quotidien ou presque, un gars comme vous et moi qui cherche simplement à être quelqu’un de bien. L’une des meilleures séries de l’univers… et au delà ! E.G.
 

08 Fév

Tout va mieux… Marzi (tome 6), de Savoia et Sowa. Editions Dupuis. 10,95 euros.

Couv_121579Tout va mieux… et pourtant rien ne semble changer, se dit notre petite polonaise Marzi ! Il fait toujours froid l’hiver. Les dimanches ressemblent à des dimanches. Les magasins sont vides. Les adultes râlent pour un rien… Non, rien n’a changé dans la Pologne tout juste libéréé du joug communiste. Du moins en apparence… et provisoirement… Car la liberté, elle, est bien là… Elle attend maintenant que les hommes l’apprivoisent, l’honorent. « On déambule dans ce champ de liberté où rien ne pousse et on s’en fâche. Mais c’est à nous d’y planter des choses. C’est à nous de prendre soin de cette parcelle qui, cette fois, n’appartient qu’à nous… ». Nous sommes à la fin des années 80, au début des années 90… Bientôt Lech Waleza sera le grand vainqueur des élections présidentielles, dans les écoles, les uniformes disparaissent tandis que le catéchisme fait son entrée, les biens de consommation finissent par affluer, les troupes soviétiques encore présentes sur le territoire vont d’ici peu se retirer, les jeunes veulent apprendre le français ou l’allemand plutôt que le russe… et Marzi grandit, quitte l’enfance pour l’adolescence ! Une page se tourne…

Un récit autobiographique passionnant, signé Marzena Sowa et Sylvain Savoia pour la mise en images.

Eric Guillaud

07 Fév

Au nom du fils (première partie), de Belin et Perrotin. Editions Futuropolis. 15 euros.

Savez-vous comment vous réagiriez si, un jour par voie de presse, vous appreniez l’enlèvement de votre enfant par une quelconque organisation clandestine au bout du bout du monde ? Non ? Michel Garandeau, ouvrier au chantier naval de Saint-Nazaire, a d’abord dû encaisser le choc. Son fils enlevé par les Farcs… Qui l’aurait cru ? Par les Farcs ou une toute autre organisation d’ailleurs puisque personne ne sait réellement ! Mais plutôt que de rester prostré dans son salon à attendre que les autorités compétentes veuillent bien lui lâcher quelques bribes d’information, Michel décide d’aller chercher lui-même son fils. Direction la Colombie donc, la Sierra Nevada pour être précis, où sans connaitre un mot d’espagnol Michel va enquêter, chercher, et peut-être trouver…

Sans être adapté d’un fait réel précis, Au Nom du fils entre bien évidemment en résonnance avec l’actualité la plus brûlante. Mais Clément Belin, déjà responsable des Marins perdus, une adaptation du roman d’Izzo, et Serge Perrotin (Lance Crow Dog aux éditions Soleil) ont voulu, dans ce contexte particulier de prise d’otages, mettre en scène les relations père-fils en décrivant les différentes émotions associées, de la colère à la culpabilité, en passant par la révolte ou l’incompréhension. Une histoire prévue en deux tomes ! E.G.

02 Fév

Renée, de Ludovic Debeurme. Editions Futuropolis. 29 euros.

Lucille, album sorti en 2006, avait fortement impressionné les lecteurs mais aussi les professionnels du Neuvième art. Renée, publié en janvier, ne devrait pas non plus passé inaperçu… Sur plus de 400 pages, Ludovic Debeurme nous offre là une suite à la hauteur de nos espérances, une petite leçon de scénario et de narration en même temps qu’une exploration sombre et sans concession des sentiments humains et plus particulièrement ici de la colère. On y retrouve la fameuse Lucille qui, de retour chez sa mère, tente de faire de l’anorexie un mauvais souvenir. Elle doit aussi apprendre à vivre sans Arthur emprisonné pour meurtre. Et ce n’est pas facile. Du tout ! Même si le plus dur est pour Arthur, bien sûr, qui doit cohabiter avec des détenus impitoyables ! Et on découvre Renée, une jeune femme un peu paumée, angoissée, insatisfaite, qui entretien une relation sans passion avec un musicien de jazz…. marié. Pour Lucille comme pour Renée, la vie n’est pas une évidence, un long fleuve tranquille et toutes deux expriment leur mal-être par la colère, une colère envers les autres, envers elles-mêmes, une colère qui n’épargne rien ni personne. « J’ai commencé à écrire la suite de Lucille en utilisant le même processus que pour mes autres livres… », précise l’auteur, « c’est à dire en l’improvisant tout d’abord, puis en posant petit à petit les grandes lignes. La psychologie humaine est complexe et mouvante. C’est la sinuosité de nos parcours qui me passionne, l’impact du temps et des rencontres, le poids ou parfois la légèreté du passé qui nous fabriquent, c’est cela dont je veux rendre compte. Quelle est la part du libre arbitre, comment se joue la bataille pour devenir l’auteur de sa propre vie, sont les questions que je pose dans Renée… ». Une œuvre singulière et forte pour lecteurs exigeants ! E.G.

Drôles de supporters, de Hipo, Jack Domon et Pierre Ménès. Editions Jungle. 9,95 euros.

Drôles ? Ils ne le sont pas toujours ! Ils peuvent même être bruyants, énervants, agités, excessifs et malheureusement, parfois, violents… Mais les supporters sont avant tout et majoritairement des passionnés. Des passionnés de foot comme le sont les auteurs responsables de cet album paru aux éditions Jungle. Jack Domon comme tout bon marseillais, est supporter de l’OM ! Pierre Ménès est journaliste sportif ! 25 ans à couvrir les matchs de L1 ou L2 pour la presse écrite et télévisée. Alors oui, les supporters, ces gars là, ils les connaissent bien. Et ils les aiment. Au point de les croquer dans une série d’histoires courtes qui les caricature un peu plus mais les rend aussi plus humains. Et l’ensemble est assez drôle, tendre, coloré et énergique. Bienvenue dans le monde merveilleux du ballon rond ! E.G.

Largo Winch, édition spéciale. Editions Dupuis. 19,90 euros.

Alors que le second film inspiré des aventures de Largo Winch doit sortir en salles incessamment sous peu, le 16 février en France et le 23 février en Belgique pour être précis, les éditions Dupuis proposent une édition spéciale, à tirage limité, du diptyque qui a inspiré le scénario de ce nouveau long-métrage, diptyque qui réunit La Forteresse de Makiling et L’Heure du tigre. Un album qui ne présente pas grand intérêt pour les acheteurs assidus de la série puisqu’il ne comporte aucun complément, ni sur le travail de Francq et Van Hamme, ni sur le film en lui-même. Seule la couverture reprenant la trame de l’affiche du film avec Tomer Sisley pourra peut-être attirer quelques collectionneurs fous. Reste que cet album permettra aux néophytes de découvrir le milliardaire en blue-jeans dans sa forme papier aux prises avec son passé dans une aventure plus que tourmentée en Birmanie… E.G.