Ce samedi aura donc lieu le Batman Day, avec en point d’orgue la réalisation d’une fresque en direct entre 14 et 18h au Carrousel du Louvre. Seront présents pour une séance de dédicace le dessinateur Thierry Martin et le scénariste Mathieu Gabella, les seuls français à avoir participé à l’anthologie sortant pour l’occasion : Batman The World.
L’idée est plutôt originale. Batman The World donne la parole à quatorze équipes venues de quatorze pays différents (Brésil, Pologne, Japon etc.) pour leur donner l’occasion d’offrir leur vision du justicier masqué qu’ils font ainsi voyager à travers le monde. Pour la France, ce sont Thierry Martin et Mathieu Gabella qui se sont lancés dans l’aventure et on a demandé à ce dernier comment il s’est attaqué à un tel mythe du neuvième art.
Comment vous êtres vous retrouvés embarqués dans cette aventure ? Surtout qu’a priori, très peu de français se sont frottés au personnage de Batman…
Mathieu Gabella. C’est avant une histoire d’amitié. Je connaissais le directeur éditorial d’Urban Comics François Hercouët depuis une quinzaine d’années, époque à laquelle j’étais publié chez Delcourt et où il travaillait alors. Nous étions restés en contact et je lui ai tendu la perche plusieurs fois, sur le thème de ‘si un jour une opportunité se présente, n’hésites pas à penser à moi’. Et donc lorsque les américains lui ont parlé de ce projet d’anthologie, il a pensé à moi.
Qui a eu l’idée d’utiliser le personnage de Catwoman, avec laquelle Batman a toujours eu une relation ambiguë ?
Mathieu Gabella. C’est le premier dessinateur qui devait, à la base, devait réaliser l’histoire avec moi mais qui a dû céder sa place pour une histoire de planning. Il a beaucoup insisté et en fait, cela m’a tout de suite poussé à aller dans une certaine direction et le scénario s’est écrit tout seul par la suite car Catwoman amenait avec elle deux éléments essentiels, le côté cambriolage mais aussi romantique. On a d’ailleurs scripté leur interaction comme une sorte de ballet nuptial.
Y avait-il un cahier de charges imposé par les américains ?
Mathieu Gabella. Un seul, il fallait que cela se passe en France. Mais pour le reste, ils ont été très cools et ont juste fait quelques aller-retour sur le script et deux ou trois détails –pour les dialogues, ils ne voulaient par exemple pas trop Batman et Catwoman s’interpellent par leurs véritable noms par exemple, mais c’est tout. J’ai choisi le décor du Louvre que je voulais un décor très vertical, plein de mystères, un peu gothique mais aussi typiquement français. Et comme le lieu est cité aussi dans les derniers films, cela me paraissait cohérent.
Le costume de Batman, le Louvre, le côté mystérieux… Impossible de ne pas penser à personnage de Belphegor rendu célèbre par une adaptation télé avec Juliette Gréco…
Mathieu Gabella. Et le clin d’œil est volontaire, bien sûr !
Le format court, dix pages, était-il particulièrement contraignant ?
Mathieu Gabella. J’avais en fait commencé par ce genre d’exercice, à l’époque chez l’éditeur Petit-à-Petit où je mettais en images des paroles de chansons ou des poèmes sur quelques pages. Mais cela faisait longtemps que je n’en avais pas fait. En même temps, je ne savais que je ne pourrais pas faire mon Dark Knight Returns (référence au pavé référentiel de Frank Miller) non plus donc je suis volontairement parti sur quelques idées clefs un décor unique. Après, c’est plus facile lorsque tu traites un personnage aussi connu car je n’ai pas besoin de réexpliquer qui il est ou ses motivations, tu peux entrer directement dans le dur.
Etais-tu un familier de l’univers Batman ?
Mathieu Gabella. Je ne suis pas ce que l’on pourrait appeler un fan absolu, je ne suis pas du genre à acheter tout ce qui sort. Mais disons que j’ai vu tous les films, joué à tous les jeux et lu tous les grands arcs narratifs. J’ai bien aimé par exemple ce que le scénariste Geoff Johns a apporté à la mythologie par exemple. Et je salive régulièrement devant les lego Batman si cela compte ! (petits rires)
Pas trop de pression ?
Mathieu Gabella. Franchement, non car je n’ai jamais eu trop de complexe pour être sincère. C’est comme lorsque j’ai accepté de scénariser un Conan (Au-delà De La Rivière Noire, sorti en 2018), on m’a dit ‘attention, les fans les plus acharnés sont très attachés aux récits d’origine, c’est casse-gueule !’ alors que je n’étais plus le plus gros fan du monde de ce personnage. Dans les deux cas, je voulais me faire plaisir et c’est pour ça que je fais ce métier. Et de toutes façons, tu ne peux jamais contenter tout le monde donc le plus important est de suivre ce que toi tu as envie de faire et advienne que pourra.
Propos recueillis par Olivier Badin
Batman The World, collectif. Urban Comics/DC Comics. 18€