Comment peut-on partir pour l’Afghanistan, se retrouver dans un camp d’entrainement et rencontrer Ben Laden en 2001, année des attentats sur le sol américain ? Réponse ici avec ce livre de Jérémie Dres réalisé d’après les souvenirs de deux Français, Mourad Benchellali et Nizar Sassi…
Comment peut-on se laisser embarquer dans une telle histoire, se retrouver dans un pays en guerre comme l’Afghanistan, dans un camp d’entrainement où on ne ménage pas les hommes, avec pour horizon de se battre et pourquoi pas de se porter candidat à un attentat suicide ?
Faut-il avoir des prédispositions ? Faut-il être en guerre contre soi-même ou contre le monde entier ? Non, et c’est le premier enseignement de ce livre paru chez Delcourt et signé Jérémie Dres. Mourad Benchellali et Nizar Sassi sont deux jeunes garçons ordinaires, non radicalisés.
Le père de Mourad était agent d’entretien à Renault avant de devenir imam prêchant au départ un islam traditionnel avant de basculer dans un islam plus conservateur. Mais pour autant, Mourad n’était pas très religieux dans l’âme. Nizar, lui, a été nourri aux séries américaines, Starsky et Hutch, Deux Flics à Miami... Il en a gardé une passion pour les armes à feu et pour le métier de policier qu’il n’exercera finalement pas. Le seul point commun entre les deux : le quartier des Minguettes.
« Il fallait grandir au milieu de tout ça, se construire une carapace » (Nizar)
Alors oui, le père du premier s’est peut-être radicalisé, jusqu’à se retrouver à secourir les musulmans bosniaques en pleine guerre de Bosnie. Oui, le second a travaillé dans la sécurité à défaut de devenir policier. Mais l’Afghanistan pour eux, ce n’était qu’une occasion de voyager, de jouer aux aventuriers.
« Je voulais faire quelque chose de grand, devenir un bonhomme, avoir mon moment de gloire » (Nizar)
Et les voilà partis tous les deux, sans conviction religieuse – ils n’y allaient pas pour le djihad – mais avec beaucoup de naïveté et d’ignorance. Direction l’Angleterre, Finsbury Park, « la capitale de l’islam radical », précise Nizar. Et puis c’est le grand départ, une première étape à Islamabad au Pakistan, avant de rejoindre Peshawar à la frontière, puis enfin l’Afghanistan, Jalalabad, Kandahar et pour finir le camp militaire Al Farouq où ils découvrent vraiment ce pour quoi ils sont là.
« On m’avait vendu un stand de tir où tu défourailles tranquille. Je me retrouve dans un camp militaire qui forme des tueurs » (Nizar)
Un embrigadement de première pour faire d’eux de parfaits petits soldats ! Ils y apprennent le maniement des armes sur fond de lecture du coran et y rencontrent effectivement Ben Laden lors d’une visite en juillet 2001. On est alors à quelques semaines des attentats sur le sol américain. Au moment de repartir pour la France, c’est le 11 septembre, les frontières se ferment, les Américains interviennent, Mourad et Nizar se retrouvent bloqués. Plusieurs semaines de planque et de marche dans les montagnes leur seront nécessaires pour quitter le pays. Mais ce n’est pas la fin de leurs ennuis…
Alternant flash-backs et rencontres avec Mourad et Nizar où il se met lui-même en scène, Jérémie Dres raconte le parcours incroyable des des deux hommes, un parcours qui passe par l’Afghanistan, c’est la destination de ce premier volet, mais aussi par les geôles de Guantanamo, comme nous le verrons dans la suite et fin de ce témoigage en tome 2. une bande dessinée à faire circuler le plus largement possible !
Eric Guillaud
Le jour où j’ai rencontré Ben Laden, de Jérémie Dres. Delcourt. 23,95€