15 Mai

Chili con carnage, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu (tome 1), de Lupano, Salomone et Pieri. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Lupano, Salomone et Pieri… Pas étonnant que ces trois là, avec leurs noms à consonance italienne, jouent dans le western tendance spaghetti. Le premier volet de L’homme qui n’aimait pas les armes à feu vient de paraître. Son titre : Chili con carnage. Tout est dit ou presque ! Une poursuite des plus infernales quelque part dans le désert brulant d’Arizona. Une poursuite qui met en scène des bons (pas beaucoup quand même), des brutes (déjà plus nombreux) et surtout des truands (par paquets de 12), tous à la recherche d’un mystérieux document qui, dit-on, pourrait changer le cours de l’histoire des Etats Unis d’Amérique. En attendant cet éventuel dénouement, le lecteur aura l’honneur et l’avantage de suivre les tribulations d’une galerie de personnages particulièrement atypiques comme l’avocat Byron Peck, la classe en toutes circonstances, l’imposant et quelques peu rustre Monsieur Hoggaard, la sulfureuse Margot de Garine, aristocrate franco-russe, et Manolo Cruz, chef d’une horde de pistoleros mexicains pilleurs de trains. Mais attention, L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu n’est pas uniquement ou complètement, comme le signale le scénariste Wilfrid Lupano, un western. « Il parle d’un des mythes fondateurs de l’Amérique triomphante : le flingue. Le premier tome est donc totalement dans les clichés de l’Ouest, très premier degré, mais c’est pour mieux questionner ces clichés par la suite. Et peut-être même que le lecteur apprendra une ou deux choses assez surprenantes, à l’occasion… ». Un récit survitaminé, des dialogues savoureux, des personnages qui ont beaucoup de caractère et, enfin, un graphisme signé Paul Salomone tout à fait remarquable, qui plus-est pour un premier album. Explosif ! E.G.

13 Mai

Désirs exaucés, Beauté (tome 1), de Kerascoët et Hubert. Editions Dupuis. 13,95 euros.

Il était une fois une très belle princesse… L’histoire, classiquement, aurait dû débuter ainsi mais, Morue, c’est le nom de l’héroïne principale, n’est en fait ni belle, ni princesse. Dans le village, les enfants la raillent, les adultes l’exploitent. C’est vrai que Morue a un physique pour le moins ingrat qui lui laisse peu d’espoir de se faire des amis, encore moins de trouver le prince charmant. Jusqu’au jour où Morue délivre une fée du sortilège qui la retenait prisonnière de la peau d’un crapaud. Et cette fée, pour la remercier, lui octroie la beauté. La vie de Morue se transforme alors en un conte de fée, un vrai ou presque, avec de nombreux prétendants…

Après la remarquable série Miss pas touche, publiée dans l’excellente collection Poisson Pilote de Dargaud entre 2006 et 2009, l’équipe Kerascoët – Hubert se reforme autour d’un récit en forme de conte de fée, un peu décalé certes, mais sombrement et délicieusement drôle. Désirs exaucés, nom de ce premier volet de Beauté, revisite les classiques du genre avec malice dans l’écriture et délicatesse dans le graphisme. Une très belle surprise ! E.G.

11 Mai

Les Petits hommes, L’intégrale 1973 – 1975 (tome 3), de Seron et Hao. Editions Dupuis. 24 euros.

Lancée il y a tout juste un an, l’intégrale consacrée aux Petits hommes se poursuit avec la parution ce mois-ci d’un troisième volume réunissant trois grandes aventures (Le Lac de l’auto, L’œil du cyclope, Le Vaisseau fantôme) ainsi que plusieurs récits courts ou inédits et un dossier revenant sur le contexte de création de chacun de ces épisodes. Parus entre 1973 et 1975, ces récits permettent à l’univers imaginé par Pierre Seron de s’installer pleinement, avec notamment l’apparition d’un méchant. Malgré la volonté de Seron d’avoir des personnages un peu plus modernes, c’est le très classique Mittéï, alias Hao, qui signe ici les scénarios. Une association tout de même magique ! Les Petits hommes connaissent un succès considérable auprès des lecteurs du journal Spirou et représentent aujourd’hui encore un grand classique du Neuvième art avec des histoires mêlant policier, aventure, fantastique et science fiction ! E.G.

09 Mai

Nouméa Tchamba, Carmen Mc Callum (tome 11), de Duval, Emem et Pierre Schelle. Editions Delcourt. 13,50 euros.

La majestueuse Carmen Mc Callum est de retour… avec quelques soucis ! A commencer par cet implant qu’on lui a logé dans le cerveau et qui permet à Dommy, une intelligence artificielle, de contrôler son système nerveux central. Une petite impulsion et la cervelle de notre mercenaire ne serait plus que bouillie pour chats ! En conséquence, Carmen doit cette fois la jouer docile et obtempérer. Mais obtempérer à quoi ? Et à qui ? Ses compétences en matière de sabotage et d’infiltration lui valent d’avoir été sélectionnée pour une mission très spéciale. Elle va devoir en effet intervenir pour stopper l’activité d’une usine d’exploitation d’hydrates de gaz située dans la mer de corail, activité qui représenterait une menace très sérieuse pour l’environnement de la région et que même l’UNESCO hésite à reconnaître. Selon des experts, cette extraction pourrait provoquer l’un des plus puissants et dévastateurs tsunamis de l’histoire de la planète. c’est dire ! L’implant dans le cerveau mais aussi l’occasion de sauver la planète d’une catastrophe majeure et un défraiement de quelque 300 000 euros par jour (quand même!) ne pourront laisser Carmen totalement indifférente à la situation…

Onzième volet de la série, troisième tome pour Emem qui a repris le dessin au départ de Gess, Carmen Mc Callum est aujourd’hui une des mercenaires en activité les plus célèbres du Neuvième art. Depuis plus de quinze ans, elle nous offre des aventures mêlant subtilement action et technologies de pointe, le tout dans un univers futuriste que le scénariste rouennais Fred Duval a toujours veillé à rendre crédible. Du divertissement avec un grand D en somme que l’on retrouve aussi en ce joli mois de mai dans le septième volet de Hauteville House, également scénarisé par Fred Duval, dessiné par Thierry Gioux et Christophe Quet, toujours pour les éditions Delcourt. Direction le Pacifique sud où les équipages du sous-marin nordiste, le Kearsarge, et du navire de guerre sudiste, l’Alabama, se font la course pour être les premiers à explorer les îles Salomon et récupérer la croix de La Pérouse ! EGuillaud

Dans le détail :

Nouméa Tchamba, Carmen Mc Callum (tome 11), de Duval, Emem, Pierre Schelle. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Expédition Vanikoro, Hauteville House (tome 7), de Duval, Gioux, Quet et Beau. Editions Delcourt. 13,95 euros.

07 Mai

Celle qui réchauffe l’hiver, de Pierre Place. Editions Delcourt. 25 euros.

C’est bientôt l’hiver du côté de l’arctique et le peuple inuit n’a plus une goutte de graisse d’avance, plus un morceau de phoque ou de morse à se mettre sous la dent, rien, absolument rien ! Une famine telle qu’il n’en avait jamais connue. Face à ce péril imminent, deux jeunes chasseurs, Angi et Tagak, sont chargés de partir à la recherche de la Dame sous la mer, une divinité pourvue d’une très longue chevelure, qui aurait pour effet de retenir le gibier au fond de l’eau. Leur mission : peigner la déesse et libérer les animaux. En route pour l’aventure…

Publié dans la collection Mirages des éditions Delcourt, Celle qui réchauffe l’hiver est un récit surprenant à la croisée de deux genres, le burlesque et l’aventure mythologique. Un album de 224 pages signé par un jeune auteur, Pierre Place, dont on a déjà pu apprécier le travail dans l’album collectif Paroles sans papiers paru en 2007 chez Delcourt. Pour les amoureux du Grand nord et des rencontres avec les esprits de la nature ! E.G.

04 Mai

Un privé à la cambrousse (volume 1), de Bruno Heitz. Editions Gallimard. 21 euros.

Avec son béret scotché sur la tête, sa veste sans forme, ses gros godillots et sa mobylette rouge, Hubert n’a franchement rien d’un détective privé. Du moins comme on peut se les imaginer et comme on peut en trouver dans les polars urbains. Et c’est bien normal car Hubert n’est pas un citadin mais un campagnard, un paysan, un vrai, qui s’est retrouvé sans terres et donc sans travail à la mort de son vieux. Un jour, en voulant rendre un petit service à sa belle sœur, Hubert va se trouver une nouvelle vocation, plus qu’un métier, un véritable sacerdoce : la filature. Dans son petit village de Baulieu-sur-Morne, 800 âmes au grand maximum, on le surnomme très vite le Flic, Maigret ou encore Sherlock Holmes. Et au fil de ses enquêtes, Hubert va imposer un style et se créer une belle petite clientèle. Il faut dire qu’ici, comme ailleurs, les histoires, les petites comme les grandes, ne manquent franchement pas…

Publié initialement au Seuil en neuf volets, ce polar totalement rural et génial est aujourd’hui réédité en intégrale aux éditions Gallimard. Le tome 1 réunissant les trois premiers récits est sorti ce mois-ci et nous replonge d’emblée dans cette douce France des années 50, quelque part du côté de la bien-nommée vallée de la Morne pour des enquêtes sur fond de petits mensonges et de grandes mesquineries, de jalousies et de vengeances, de petits et gros délits. Un bonheur qui sent bon le terroir… ! E.G.

02 Mai

Mémoires d’un guerrier, de Jean-Louis Marco. Editions Gallimard. 16 euros.

Miguel est un vieil homme qui trompe l’ennuie en scrutant l’horizon sur la mer, assis sur un banc. Rien à voir avec l’homme qu’il fut auparavant, un grand gaillard capable d’assommer un âne d’un seul coup de poing, comme il le raconte lui-même. A l’époque, Miguel enchaînait les aventures. Mais qui s’en souvient aujourd’hui ? Personne ! C’est peut-être pour transmettre un peu de son passé, de sa vie, que lui, personnage pourtant très secret et même relativement rustre, commence un beau jour à se livrer à son petit-fils, Gaëtan. Et de nous plonger dans un monde différent, un monde plus violent, plus féroce, avec des géants, des gobelins, des lutins, de la magie et beaucoup de combats…

Après Rosco le rouge et Mac Steel a real true Hollywood story, deux albums parus aux éditions du Cycliste, Jean-Louis Marco signe pour la collection Bayou de Gallimard un petit récit d’heroic fantasy au scénario et au graphisme fort agréables. Un auteur à découvrir ! E.G.

25 Avr

Le Pès Rekin (tome 2), de Presle et Jouvray. Editions Futuropolis. 15 euros.

Jérôme Jouvray et Stéphane Presle se sont rencontrés autour de L’Idole dans la bombe, un récit en deux volumes publiés dans la feu collection 32. C’était en 2007 ! Trois ans plus tard, le tandem se reformait autour de La Pès Rekin dont le second et dernier volet vient tout juste de sortir. On y retrouve en ouverture les deux personnages principaux, Phil, un vieux pêcheur de requins misérable, et Nelson, un gamin des bidonvilles, dans une barque loin de la côte. Facheuse posture pour le gamin, les mains attachées, la bouche close par du ruban adhésif. Le vieux Phil va-t-il abuser de lui ou le jeter par dessus bord ? Non, il va plus simplement lui proposer un marché : attraper pour lui des chiens errants, les tuer et les jeter en mer pour attirer les requins… Sordide, terriblement sordide, mais il va le faire… un temps ! Ce récit inspiré d’un fait divers authentique présente la singularité d’être dialogué en grande partie en créole. Direction La Réunion pour un récit noir, absolument noir ! E.G.

24 Avr

Entre la vie et la mort, Pierre Tombal (tome 27), de Hardy et Cauvin. Editions Dupuis. 10,45 euros.

28 ans d’existence,  27 albums, des centaines de planches, autant de gags et des milliers de livres vendus… voici sans conteste un des grands succès de la bande dessinée franco-belge avec un thème pourtant pas facile de prime abord, la mort, et un credo, l’humour noir ! Et depuis tout ce temps, quasiment une éternité, le fossoyeur Pierre Tombal, la casquette vissée sur la tête, la pelle à l’épaule, nous entraîne à travers son petit cimetière qui ne connaît pas la crise à la rencontre de quelques-uns de ses pensionnaires.  Mais cette fois, une invitée surprise s’est glissée dans le casting. Et cette invitée n’est autre que La Vie. De quoi rendre folle de rage La Mort et donner du travail à notre fossoyeur au grand coeur… Un classique de l’humour signé par le prolifique Raoul Cauvin (Les Tuniques Bleues, L’Agent 212, Les Psys, Les Femmes en blanc…) et le talentueux dessinateur Marc Hardy (La Patrouille des libellules, Lolo et Sucette…). E.G.

Est-ce qu’on ment aux gens qu’on aime ?, de Trondheim. Editions Dupuis. 11,95 euros.

Mais qui est donc ce fameux Ralph Azham ? Un super-héros ? Un prince charmant ? Rien de tout ça ! Ralph Azhma serait en fait plutôt un boulet, un porte-malheur, un paria. Dans son village, tout le monde le déteste et le rejette. Pourtant, lorsqu’il était enfant, Ralph avait été pressenti pour être l’Élu que tout le village attendait. Mais il n’avait pas été reconnu par l’oracle et, depuis, traînait sa carcasse avec une touche d’insolence, d’indolence et un étrange pouvoir, celui de voir les naissances et les morts. Alors que le village est menacé par une horde de méchants, Ralph va se distinguer et apprendre par la même occasion qu’on lui a menti sur son histoire…

Ainsi commence cette nouvelle série signée par l’un des plus grands noms de la bande dessinée contemporaine, le sieur Lewis Trondheim. Et autant le dire tout de suite, ce premier tome est du Lewis Trondheim grand cru, imaginatif, délirant, jouissif, fantaisiste à souhait. Le cofondateur de la maison d’édition L’Association, cofondateur également du syndicat des auteurs de bande dessinée SNAC-BD, directeur de la collection Shampooing chez Delcourt, Grand prix de la ville d’Angoulême en 2006… et auteur de plus d’une centaine d’albums parmi lesquels Les Formidables Aventures de Lapinot, la fameuse saga Donjon, Les Cosmonautes du futur, Le Roi Catastrophe, Les Petits riens… inaugure ici une belle et grande saga d’heroic fantasy qui devrait ravir grands et moins grands et en tout état de cause les fans du Trondheim de la première heure ! E.G.