14 Mar

L’Énorme enquête de Rambaud et Oiseau : un polar en absurdie

Avec sa couverture en jaune et noir et son titre, tout indique que nous avons affaire ici à un polar. Et c’est le cas ! Mais L’Énorme enquête des sieurs Lorrain Oiseau et Yann Rambaud fait aussi dans l’énorme humour. Un tueur, un cadavre, deux policiers, une allergie à l’amoxicilline et un trafic d’apéricubes… prêt.e.s pour une bonne tranche de rigolade ?

Un meurtre horrible ! Le commissaire est sous le choc, il a du mal à trouver les mots pour décrire la scène :

« Le meurtrier a recouvert de goudron le corps de la victime. Puis il a dessiné une ligne blanche dessus et posé un chewing-gum déjà mâché sur son cadavre ainsi qu’un mégot de cigarette… ». 

L’inspecteur s’étonne : « Hmmm, c’est la route ça. Le cadavre est juste à côté ! »

Oui, c’est énorme ! Le titre nous avait pourtant prévenus mais à ce point-là, on peut encore être surpris. Et nous ne sommes qu’au début de l’affaire, à la première des 64 pages que compte l’album.

Alors, bien sûr, il y a une victime, Gabriel Berthier, retrouvé avec un couteau planté dans le thorax, le corps resté en suspens comme s’il s’était mis en pause sur une pas de danse. Il y a des policiers dont le grade fait office de patronyme, Inspecteur et Commissaire, il y a un meurtrier quelque part, un suspect dans l’immédiat au nom prédestiné de Justin Tueur, une enquête avec des dispositifs d’écoutes téléphoniques pas très discrets, des courses poursuites en fusée, un mobile du crime qui sent le pétrole, un dealer qui fait dans l’apéricube et des histoires d’allergies à l’amoxicilline.

Bref, tout ce qu’il faut pour faire un bon polar sauf que là, le récit part en vrille, c’est totalement fou, cinglé, déjanté, dément, désaxé, ravagé, maboul, bref en un mot absurde et si vous préférez en deux mots : totalement absurde.

Le communiqué de l’éditeur convoque Les Nuls côté influences, on pourrait ajouter Quentin Dupieux, Fabcaro et même une touche de Tuche…

« Des Apéricubes… Vous savez, c’est une drogue implacable. On en prend une fois, puis deux. Puis re-une fois, puis sept, rarement quatre, puis… douze je crois ». 

Énorme, c’est écrit dessus !

Eric Guillaud

L’Énorme enquête, de Lorrain Oiseau et Yann Rambaud. Delcourt. 13,50€

© Delcourt / Oiseau & Rambaud