Il n’y a pas de date de péremption pour les bons bouquins et celui-ci, sorti il y a un peu plus de six mois, en est assurément un. Pour leur première collaboration, Julien Frey et Dawid nous offrent une comédie savoureuse au casting bien senti. En route pour la poisse…
Théo Apothéoz est né sous une mauvaise étoile, du moins en est-il persuadé. Il faut dire que dans la famille, on s’est spécialisé dans la tragédie depuis plusieurs générations. Précisément, depuis que l’arrière-grand-père a décidé de quitter son île grecque d’Agormós pour la France.
Malchance, guigne, poisse… mais attention pas la poisse du quotidien, plutôt la poisse des grands jours.
« Tout ce que nous entreprenions se terminait par une magnifique catastrophe ». Alors, pourquoi s’évertuer à avoir des rêves, des projets ? Théo se laisse porter, vit de petits boulots, loge dans l’appartement de son père devenu alcoolique, pense un temps changer de nom pour conjurer le sort avant que la justice rejette sa demande et lui conseille d’aller de l’avant.
Aller de l’avant, c’est bien là le souci de Théo. Il en est incapable, comme paralysé. Et côté amour, c’est pire encore. Théo n’a pas été capable de déclarer sa flamme à celle qu’il aime depuis toujours, la belle Camille. Et de s’en mordre les doigts…
Et la vie passe ainsi jusqu’au jour où son père meurt brutalement. Pas le temps de sombrer dans le chagrin, l’appartement était en viager. Si l’acquéreur apprend le décès, Théo est à la rue. De quoi finir cette histoire en apothéose ? De quoi surtout le secouer un bon coup et secouer en même temps la poisse qui lui colle à la peau depuis sa plus tendre jeunesse…
Sorti en janvier de cette année, Monsieur Apothéoz est un délice de comédie sucrée-salée qui amuse mais surtout amène à réfléchir sur la vie, notre vie, entre réussites et échecs, espoirs et désillusions.
Eric Guillaud
Monsieur Apothéoz, de Julien Frey et Dawid. Vents d’Ouest. 19€