Vous aimez vous faire peur ? L’auteur Alex W. Inker vous en donne l’occasion avec son nouveau roman graphique adapté du livre de Thibault Vermot tous deux parus aux éditions Sarbacane. Un récit à se réfugier au fond de la couette la plus proche et ne plus en ressortir même pour une envie pressante…
Six albums en six ans et une douzaine de récompenses dans le même temps, parmi lesquels un Grand Prix de la critique pour Servir le peuple, un Fauve Polar SNCF pour Apache, un Prix Fnac France Inter pour Un Travail comme un autre et un Prix Töpffer International pour Panama Al Brown. Si cet homme, à seulement 36 ans, n’est pas un génie de la BD, il n’en est pas loin !
Et ce succès absolument mérité ne l’empêche pas de se remettre à chaque fois en question, que ce soit dans le genre abordé ou le style graphique choisi. Après l’Amérique paysanne des années 20 et la France ouvrière du XIXe siècle, Alex W. Inker nous embarque cette fois dans l’Amérique profonde des années 90, celle des laissés pour compte, des sinistrés de la croissance, pour une histoire de gamins qui tentent de tuer le temps comme ils peuvent jusqu’au jour où un autre gosse du coin disparaît et est retrouvé découpé en morceaux…
Vous l’avez compris, Colorado Train est une BD d’horreur, genre mineur en tout cas en Europe, un peu moins aux États-Unis et au Japon, peut-être parce qu’il manque à la BD ce dont le cinéma a su s’emparer et rendre indispensable: la musique. Et la musique pour accompagner un récit d’horreur, c’est incontournable sinon essentiel et son utilisation, souvent proportionnelle à la frayeur recherchée.
Pour autant, Colorado Train n’est pas dénué de musique car Alex W. Inker a trouvé la parade, découpé son récit en chapitres et proposé pour chacun d’eux une musique, ici Back to School de Deftones, là Incinerate des Sonic Youth ou plus loin Bullet with Butterfly Wings des Smashing Pumpkins.
Bref, faites chauffer la playlist, pour le reste, laissez-vous immerger dans les atmosphères glauques mitonnées avec délectation par l’auteur qui a abandonné ici ses habituelles bichromies et trichromies pour un noir et blanc bien évidemment plus adapté à l’horreur. Alex W. Inker souhaitait des images qui impriment notre subconscient et hantent nos nuits, c’est réussi ! Merci…
Eric Guillaud
Colorado Train, de Alex W. Inker d’après le roman de Thibault Vermot. Sarbacane. 29€