À l’approche du soixantième anniversaire des accords d’Évian, le 18 mars prochain, les éditions Marabulles proposent deux albums autour de la guerre d’Algérie, deux albums qui racontent des destins d’hommes, pied noir pour l’un, appelé pour l’autre, blessés dans leur chair dans les deux cas…
Si la parole s’est aujourd’hui considérablement libérée, longtemps la guerre d’Algérie a été occultée de notre mémoire collective. À l’époque d’ailleurs, et on pourrait faire un parallèle aujourd’hui avec la communication russe autour de la guerre en Ukraine, on ne parlait pas de guerre mais d’événements ou d’opérations de maintien de l’ordre. N’empêche que des hommes se sont battus sur la terre d’Algérie, nombre d’entre eux y sont morts, ont été blessés physiquement ou traumatisés par les violences, les attentats, les tortures, les massacres…
Les deux albums parus en ce mois de mars aux éditions Marabulles, à la veille du soixantième anniversaire des accords d’Évian qui marquaient la fin d’un conflit de huit ans, reviennent sur le traumatisme collectif qu’il a engendré plusieurs décennies durant.
Avec deux histoires d’hommes, deux destins personnels plongés dans la grande histoire du monde, d’un côté celui d’un appelé avec Appelés d’Algérie, un personnage fictif imaginé par Swann Meralli au scénario et Deloupy au dessin, une BD qui s’inscrit comme la suite d’Algériennes (1954 – 1962), illustration pour sa part de destins de femmes pendant la guerre. De l’autre, le destin d’un pied noir avec Alger – Retour, un pied-noir qui a dû tout quitter à l’indépendance pour rejoindre la métropole. En se promettant bien de ne jamais y retourner.
Les deux albums mettent en scène deux générations, ceux qui ont vécu la guerre et ont enfoui les souvenirs sous d’épaisses couches de silence. Et ceux plus jeunes qui sont aujourd’hui à la recherche de réponses sur cette époque. Deux histoires qui nous parlent de l’histoire, de notre histoire, de transmission et de devoir de mémoire. Poignants, instructifs et forcément indispensables !
Eric Guillaud
Alger-Retour, de Fred Neidhardt, 16,90€ / Appelés d’Algérie (1954 – 1962), de Meralli et Deloupy. 17,95€