Tarzan fait partie de héros emblématiques que tout le monde connaît… Sans vraiment le connaître. Le pagne, Cheeta, la jungle, Jane tout ça, ok. Mais qui se souvient vraiment du roi de la jungle tel qu’il avait été inventé et défini par l’auteur anglais Edgar Rice Burroughs en 1912 ? Le scénariste Christophe Bec fait sûrement partie de ses happy few et cela se sent dans cette nouvelle adaptation porté par un souffle épique.
Ce nouveau récit, après un premier tome en Mars dernier racontant la genèse du héros, est l’adaptation en BD de Tarzan au centre de la Terre, roman paru initialement en 1930. La particularité du texte original ? C’est l’un des premiers crossover du genre, Burroughs y mélangeant son héros le plus connu (Tarzan) et l’une de ses autres séries, Pellucidar.
Le thème central de la saga Pellucidar est assez simple : la Terre est creuse et qu’en son sein vit toute une faune et des hommes ‘figés’ en quelque sorte à l’époque préhistorique. Bien que parti initialement à la recherche d’une mythique cité d’or, Tarzan décide d’aller au pôle Nord pour y découvrir l’entrée censée y être cachée de ce monde perdu pour sauver son ami explorateur, parti plusieurs mois à sa découverte et disparu depuis.
Paris à la Belle Epoque, un duel au petit matin, un dirigeable, une cité mystérieuse remplie de goules, des dinosaures monstrueux… On navigue ici en plein univers pulp – du nom de ces magazines bon marché vendus entre les deux guerres plein de récits de récits d’aventures et de fantasy – et c’est assumé, comme si Indiana Jones rencontrait Jurassic Park et un univers sorti de l’imagination de Jules Vernes. Mais le choix des dessinateurs se révèle assez judicieux. Rob de la Torre, pour la première partie et Stefano Raffaele, pour la seconde, ont tous les deux un style très réaliste mais aussi assez sombre, où le roi de la jungle devient une espèce de barbare à la Conan à la musculature idoine et surtout à l’attitude de prédateur limite inquiétante. Cette version de Tarzan a donc beau s’exprimer comme un lord et conserver un pragmatisme très viril, à aucun moment il ne cherche à cacher ou adoucir son animalité, bien au contraire. Une approche qui confère au récit une authenticité et une tension bienvenues.
Même si on préfère le trait plus fin et adulte de la Torre à celui, moins sombre te précis de Raffaele, cette nouvelle adaptation est en tous cas une belle réussite, doublée d’un hommage à une forme de récit d’aventures un peu rétro mais racé et complètement dépaysant.
Olivier Badin
Tarzan au centre de la Terre de Christophe Bec, Rob de la Torre & Stefan Raffaele. Soleil. 16,95 euros.