Certains sont connus d’un large public pour avoir un jour rejoint la surface mais la plupart n’ont pas quitté les profondeurs de l’anonymat même s’ils ont marqué la musique, influencé des d’artistes, participé à la création de courants, de styles, de modes. Rockeurs maudits ou grandes prêtresses du son, Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog ont déterré une quarantaine de personnages qui ont contribué à l’histoire de la musique…
Un beau et gros pavé que ce livre paru chez Glénat, plus de 300 pages, une quarantaine de tranches de vies, d’anecdotes, dénichées et condensées par le scénariste Arnaud le Gouëfflec et mises en images par Nicolas Moog.
Underground, tel est son nom, est une balade dans l’histoire de la musique en compagnie de quelques « grands frappés » comme les appelle Arnaud le Gouëfflec, « des figures hautement surréalistes », des doux, des dingues, des paumés, des poètes, des marginaux, des inadaptés, des artistes dans tous les cas qui n’ont pas vendu leur âme à la célébrité mais sont allés jusqu’au bout de leur rêve, de leur vision.
Parmi eux, on trouve quelques figures connues du grand public comme Patti Smith, Brigitte Fontaine, Boris Vian, Nico ou même les Cramps, mais la majorité appartient au monde de l’underground, ce qui ne veut pas dire pour autant que ces artistes n’ont pas eu leur importance dans l’histoire de la musique et même leur heure de gloire, bien au contraire, à l’image du groupe The Residents par exemple dont les musiciens ont toujours caché leur identité sous des masques en forme de globes oculaires et influencé pas mal chanteurs masqués, comme les Daft Punk pour ne citer qu’eux.
Et que dire de Colette Magny – volontairement ? – oubliée de l’histoire de la chanson française parce que trop politique, trop communiste et pourtant reconnue à l’étranger pour avoir expérimenté dès 1966 le collage sonore, associant sa voix à des sons captés dans la rue. Elle connaîtra son heure de gloire avec les événements de mai 68.
Tous deux passionnés de musique et musiciens, Arnaud le Gouëfflec et Nicolas Moog remettent sous la lumière ceux qui ont eu « une audience restreinte mais une influence considérable » en restant eux-mêmes dans un registre underground, notamment grâce à un trait semi-réaliste très clair mais des choix narratifs plus rock’n’roll : « je me plais à penser que ces planches sont dignes d’un tract punk patchwork ou d’un tricot de grand-mère sous acide… », explique Nicolas Moog.
Eric Guillaud
Underground d’Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog. Glénat. 30€