08 Avr

Dans la nuit noire de David Small : le récit d’une adolescence américaine

Douze ans après le récit autobiographique Sutures qui avait profondément marqué la critique et les lecteurs des deux côtés de l’Atlantique, l’Américain David Small est de retour chez Delcourt avec un nouveau récit sur l’enfance mais cette fois en mode fiction… ou presque.

Dans son premier roman graphique, l’autobiographique Stitches, Sutures pour la traduction française parue chez Delcourt en 2009, l’Américain David Small nous dévoilait une jeunesse singulière, bousculée par la découverte d’une tumeur au cou, meurtrie par l’indifférence totale de ses parents vis à vis de lui. Un album pas franchement joyeux mais qui sera très justement encensé par la critique et le public et récompensé par The National Book Award.

Pas plus gai, et son titre est là pour le confirmer, Dans la nuit noire est cette fois une fiction, même si certains faits sont inspirés de la vie d’un ami de l’auteur et si sa propre adolescence transparaît en filigrane tout au long de l’album. Nous sommes dans les années 50, Russel Pruitt, 13 ans, vit seul avec son père depuis que sa femme l’a quitté pour son meilleur ami. Besoin de changer d’horizon, besoin de soleil, Russel et son père partent pour la Californie comme on partirait à la recherche d’un eldorado.

Hébergés par une famille chinoise, le père cherche un boulot qu’il ne trouve pas tandis que le fils fait l’apprentissage de l’amitié mais aussi de la haine, de la violence, du harcèlement, du rejet, de l’homophobie, du racisme, dans le contexte d’une Amérique qui n’a rien d’un rêve et parfois tout d’un cauchemar, à l’image de ce psychopathe qui hante la ville et tue avec une sauvagerie extrême les chats et chiens du quartier.

David Small n’était pas un fervent lecteur de bandes dessinées avant d’entreprendre un voyage à Paris, d’y découvrir la richesse des romans graphiques et de tomber sous le charme d’artistes comme Blutch, de Crecy ou Gipi. Ce sont eux qui lui ont donné l’envie de s’exprimer avec ce médium, lui qui était connu et reconnu jusque-là pour son travail d’illustrateur pour la presse ou le livre jeunesse. Si le tournant de sa carrière intervient avec Sutures, Dans la nuit noire vient confirmer son talent de conteur et de dessinateur au trait léger et vivant.

Eric Guillaud

Dans la nuit noire, de David Small. Delcourt. 24,95€

© Delcourt – Small