En 2014, Chabouté sortait Moby Dick et nous racontait la mer comme personne sans avoir mis une seule fois les pieds sur un bateau. En 2021, il publie Yellow Cab et signe un hommage incroyable à la ville qui ne dort jamais… sans y être allé un jour. On appelle ça le talent, paraît-il !
Ses buildings, ses rues, Central Park, sa statue de la Liberté, ses vendeurs de hot dogs… et ses taxis jaunes. Nul besoin d’être allé à New York pour que les images défilent dans notre tête à la moindre évocation de son nom.
Mais de là à la dessiner, la magnifier, comme le fait Chabouté, il y a un pas et forcément du talent. « Je n’ai jamais mis les pieds à New York, mais c’est une ville que je rêve, à travers ses clichés et les images de films ».
Et pour la mettre en images dans toute sa splendeur, verticale et horizontale, quoi de mieux qu’une histoire de chauffeur de taxi? Une histoire que l’on doit à Benoît Cohen, un réalisateur français parti chercher l’inspiration au volant d’un taxi new yorkais. Il aurait pu en tirer un film, il en fit un livre, Yellow Cab, aujourd’hui adapté en bande dessinée.
« New York est une ville tellement graphique que j’ai, dès la sortie de mon livre imaginé Yellow Cab en bande dessinée. Et j’ai tout de suite pensé au travail que Chabouté avait réalisé sur New York en association avec notre ami commun CharlÉlie Couture ».
Tout commence dans une école du Queens, Benoît doit y apprendre les rudiments, les comportements à adopter, Quelques heures de cours, un examen, pas mal de paperasseries et de tracasseries et voilà notre homme au volant de sa voiture, prêt à découvrir New York jusque dans ses bas-fonds, à transporter hommes, femmes, riches, pauvres, malades, fous, violents, amoureux, bizarres, suffisamment pour accumuler mille anecdotes, autant de témoignages, et trouver des pistes pour le film qu’il pensait alors réaliser.
À New York, les taxis sont jaunes mais les pages de Chabouté sont en noir et blanc. C’est sa marque de fabrique, son ADN. « Le noir et blanc sert les histoires que je raconte. C’est l’outil idéal pour mettre une ambiance en place, pour créer une atmosphère », nous confiait l’auteur lors d’une interview en 2014 autour du diptyque Moby Dick. Et c’est encore plus le cas ici, chacune de ses planches est un délice de détails qui font le New York que nous connaissons tous, que nous fantasmons tous, un délice de détails et un délice de gueules d’atmosphères qui défilent à l’arrière du taxi. Ma Gni Fi Que !
Eric Guillaud
Yellow Cab, de Chabouté. Vents d’Ouest. 22€