On parle souvent de tueurs en série, rarement de tueuses, en voici pourtant une et pas des moindres, la Bretonne Hélène Jégado dit Fleur de Tonnerre, accusée du meurtre de 37 personnes et guillotinée en 1852…
C’est un peu Arsenic et vieilles dentelles cette histoire, des dentelles bretonnes bien sûr. Une histoire vraie qui débute au début du XIXe siècle pour s’achever brutalement en son milieu avec une empoisonneuse guillotinée et un nombre indéterminé de victimes.
Certains parlent d’une trentaine, d’autres de beaucoup plus, des femmes, des hommes, des jeunes, des très jeunes, des vieux, des domestiques, des curés et même la soeur de Fleur de Tonnerre… bref tous ceux et celles qui ont eu le malheur de croiser sa route et de se laisser tenter par ses bons petits plats agrémentés d’arsenic.
C’était une manie chez elle, comme d’autres rajoutent du sel sans même avoir goûté le plat, Fleur de Tonnerre glissait un peu d’arsenic ici et là histoire d’entretenir la réputation de l’Ankou dont elle croyait être la réincarnation.
D’abord porté au cinéma par Stéphanie Pillonca, le roman de Jean Teulé est cette fois adapté en bande dessinée par le tandem Cornette – Jürg précédemment responsable de Ziyi paru en 2013 aux éditions Scutella. On pouvait s’attendre, vu le sujet, à une dessin hyper-réaliste et une atmosphère pesante, étouffante.
Ce n’est pas vraiment le cas, les auteurs ont choisi d’établir une certaine distance avec l’horreur des faits par une touche d’humour, noir et grinçant bien évidemment, que ce soit dans le trait ou l’écriture. Il n’en reste pas moins que le personnage est franchement inquiétant, l’histoire, à pleine croyable, et l’album, patiné d’atmosphères bretonnes.
Eric Guillaud
Fleur de Tonnerre, de Cornette et Jürg. Futuropolis. 20€