Confinés mais pas résignés, nous allons continuer à parler BD ici-même avec des bouquins d’ores et déjà disponibles au format numérique et à retrouver en format physique dès que cet épisode de coronavirus au très mauvais scénario nous aura définitivement quitté…
La publication phare du label 619 (créateur de Mutafukaz) continue avec son quinzième tome de proposer ses collections d’histoires qui font peur, nourries au cinéma bis. Sauf que cette fois-ci, elles s’attaquent frontalement à l’American way of life.
Il y a six mois, tels les grands méchants de films d’horreur que ses auteurs admirent tant, Doggybags était revenu d’entre les morts. Modelé sur ces pulps américain d’après-guerre que les rejetons de l’Oncle Sam pouvaient alors acheter pour une bouchée de pain, chacun de leur numéro réunit plusieurs histoires autour, plus ou moins, de la même thématique, mais réalisées par différentes équipes.
Le directeur de la collection et patron historique du Label 619 RUN n’a jamais caché son amour de la culture US, éternelle source d’inspiration. Mais dans l’édito de ce quinzième numéro où il a scénarisé deux des trois histoires, il avoue aussi combien l’élection surprise de Donald Trump lui a rappelé qu’il y avait aussi une autre Amérique : raciste, pudibonde, réactionnaire, obsédée par les armes à feu, etc. Ce nouveau numéro est donc plus ‘politique’ en quelque sorte, même si au final, le décompte des cadavres et des têtes tranchées est du même niveau que d’habitude.
Peut-être que les amateurs d’horreur pure trouveront cette fois-ci l’exercice un peu trop ‘réaliste’ et pas assez divertissant. Mais avec une histoire sur les fake news visant ouvertement Fox News et sa fabrique à fantasmes plus deux autres sur ce foutu virus se transmettant de génération en génération nommé ‘racisme’, ce n’est pour rien que le programme soit titré Mad In America. Surtout qu’entre le noir et blanc très stylisé et la lycanthropie de Manhunt qui ouvre le bal, le plus cérébral et bavard Conspiracism et l’ambiance de bayou du dernier volet Heritage, à chaque fois les histoires se finissent mal. Et toutes ces fausses pubs ou ces petits articles sur, par exemple, les pires fusillades de masse de ces dernières années ou le Ku Klux Klan que l’on retrouve entre chaque histoire prennent plus que jamais tous leurs sens.
Que disait déjà la chanson star du film parodique des créateurs de South Park, Team America ? Ah oui…. « America, fuck yeah ! »
Olivier Badin
Doggybags 15, saison 2, Ankama/Label 619. 13,90€