Rock, jazz ou hip hop, la musique fait bon ménage avec la bande dessinée même si cette dernière est par essence silencieuse. En voici une nouvelle démonstration avec ces trois albums récemment parus chez Delcourt, Seuil et Glénat…
On commence avec le rock’n’roll et l’un de ses plus grands représentants, celui qui en a posé les bases musicales ou du moins une certaine philosophie, Elvis Presley bien entendu. Dans cet album conjointement publié par les éditions Delcourt et Seuil, Patrick Mahé et Kent, oui oui, le chanteur Kent, ex-Starshooter, remontent le temps pour raconter la vie du King, sa naissance dans un foyer très modeste, la mort de son frère jumeau, le père en prison, son premier concert au lycée, son premier enregistrement, son premier passage radio, sa première tournée, sa première Cadillac, son premier film, ses aventures amoureuses, les médicaments, la maladie… et sa mort prématurée. Un beau boulot d’écriture et de mise en images en noir et blanc un peu à la Will Eisner, avec ici et là quelques aplats de couleurs façon années 50. (Elvis, Ombre et Lumière, de Kent et Patrick Mahé. Seuil/Delcourt. 17,95€)
Toujours chez Delcourt mais avec une légende du jazz cette fois, Miles Davis est au coeur de cette bande dessinée signée par deux Espagnols, Salva Rubio et Sagar. Et aux côtés de Miles Davis, une autre figure de la musique, surnommée la muse de l’existentialisme, Juliette Greco. Pour ceux qui seraient récemment nés, voire pas encore, Miles Davis et Juliette Gréco vécurent une histoire d’amour, brève mais intense, à l’occasion de la venue du trompettiste au festival International de Jazz à Paris en 1949. Brève, très brève, quelques jours, le temps pour lui de rencontrer l’élite artistique parisienne de l’époque, Jean-Paul Sarthe, Boris Vian, Simone de Beauvoir… et de découvrir un pays moins raciste que les États-Unis, où il aura l’impression, pour la première fois, « d’‘être traité comme un être humain ». Les carrières de l’un et de l’autre, les pressions sociales autour des mariages mixtes, auront raison de leur amour. (Miles et Juliette, de Rubio et Sagar. Delcourt. 15,50€)
Et de quatre ! La saga Hip Hop Family Tree du génial Ed Piskor consacrée à l’histoire du hip hop vient tout juste de s’enrichir d’un quatrième volume qui s’intéresse cette fois aux années 1984-1985. On commence avec les platines d’Egyptian Lover avant de croiser au fil des pages Kid Wizard, Afrika Bambaataa, les Cold Crush Brothers, le producteur Malcolm McLaren, ice Cube, Doug E. Fresh, les Beastie Boys et beaucoup beaucoup beaucoup d’autres. Une série pour les fans du genre ? Oui mais pas seulement. Hip hop family Tree s’adresse à tous ceux et toutes celles qui s’intéressent un tant soit peu à la musique, son histoire, ses courants, ses acteurs. Hip Hop Family Tree a remporté un Eisner Award aux États-Unis en 2015 dans la catégorie de la meilleure série inspirée de la réalité et a figuré dans la sélection 2017 du festival d’Angoulême. Génial ! (Hip hop Family tree, de Ed Piskor. Papa Guédé. 26€)
Eric Guillaud