Chez Dupuis comme dans toutes les maisons d’édition à pareille époque, ça se bouscule légèrement du côté des nouveautés. Plus de 25 titres entre fin août et début septembre sont parus, de quoi s’y perdre un peu, se ruiner beaucoup. Alors voici une petite sélection maison, dix albums que nous avons aimés…
On commence avec l’affreux Jojo, pas si affreux que ça en fait. Il est même plutôt sympa notre Jojo avec sa bouille toute ronde, sa casquette verte et sa salopette rouge. Haut comme trois pommes grignotées, Jojo fut l’un des premiers enfants terribles de la bande dessinée franco-belge, ouvrant la voie à d’autres garnements comme Le Petit Spirou et Titeuf. Empruntes de poésie et de douceur, ses aventures évoquent l’enfance et ses grands questionnements, la famille, les copains, la mort, l’absence, le manque… la vie en fait. Cette troisième intégrale réunit cinq albums parus entre 1999 et 2003, Le Retour de papa, La chance de Sébastien, Les choix de Charlotte, Jojo au pensionnat et Une pagaille de Dieu le Père. C’est beau, sensible, bourré d’émotion et de tendresse, c’est du Geerts ! (Jojo L’Intégrale tome 3 1999 – 2003, de Geerts. 35€)
Une autre réédition, plutôt pour les adultes cette fois, L’Almanach de Servais réunit douze récits. À chaque mois son prénom, à chaque prénom son conte campagnard délicatement teinté de fantastique et d’érotisme. Paru initialement en 1988, L’Almanach enchantera ceux qui aiment le graphisme réaliste, Servais excelle dans ce domaine avec un trait absolument minutieux et sublime. Mais Servais est aussi un merveilleux conteur qui sait embarquer le lecteur comme personne dans des histoires pleines de mystères, de traditions et de croyances (L’Almanach, de Servais. 35€)
Il est assurément l’un des plus grands coureurs automobile au monde, un héros comme nul autre, Michel Vaillant est de retour pour une nouvelle aventure, la huitième de la nouvelle saison. Et c’est toujours le même bonheur, un scénario aux petits oignons, un graphisme dynamique de toute beauté et un héros au top qui, après avoir remporté les 24H du Mans, se retrouve par un concours de circonstances au volant d’une F1 Renault embauché pour courir le Grand prix de France. Treize jours, c’est le temps qu’il lui reste pour se refaire une condition physique, oublier ses réflexes acquis dans les courses d’endurance et pour dompter la bête. Magnifique ! (Michel Vaillant, 13 Jours, de Graton, Lapière, Benèterau et Dutreuil. Dupuis, 15,95€)
Amour, gloire et jalousies, bienvenue au royaume de Blanche-Fleur où tout le monde s’apprête à fêter le mariage de la princesse Cécile. Pour l’occasion, la tavernière du royaume, Anne, a lancé la construction d’une nouvelle taverne mais le chantier est à l’arrêt faute de main d’oeuvre. Et pire que tout, l’odieuse Candice, son ennemie, a elle-aussi décidé d’ouvrir une taverne, juste en face, la plus belle taverne du monde. « Ce sera chic et pas cher », prévient-elle. Entre Anne et Candice, forcément, c’est un peu la guerre mais ce n’est rien à côté de ce qui se trame dans les couloirs du palais. Certains veulent la tête du roi, notamment la reine qui fomente une invasion du royaume avec l’aide de son frère… Nul besoin d’avoir lu les six volumes de la très belle série Le Royaume pour se plonger dans ce one-shot où on y retrouve les principaux personnages. Comme toujours, et malgré les coups tordus qui s’enchaînent à la vitesse d’un cheval au galop, Feroumont nous offre un récit en forme de conte de fée, léger, drôle et moderne ! (Le Royaume de Blanche-Fleur, de Feroumont. 19,95€)
La finance vous passionne mais vous n’y comprenez rien et ne savez pas par quel bout l’aborder ? Alors, ce livre est fait pour vous. Olivier Bossard, directeur exécutif du master Finance de HEC Paris et professeur de finance à Pékin et Tokyo (oui, quand même!) s’est toujours impliqué pour la rendre accessible à tous, en donnant des cours et aujourd’hui avec ce petit livre publié par les éditions Dupuis. Pourquoi dans une maison d’édition dédiée à la bande dessinée me direz-vous ? Tout simplement parce que l’auteur s’appuie visuellement sur une série phare de l’éditeur, Largo Winch, qui nous plonge depuis 1990 dans le monde de la finance. Qu’est-ce qu’un délit financier, un marché émergent, un paradis fiscal, les stocks options ? Quelles sont les grandes places financières ? Comment lance-t-on une offre publique d’achat hostile ? Comment se fait l’accès aux marchés financiers ? Autant de questions auxquelles Olivier Bossard apporte des réponses avec des mots simples et des illustrations extraites des aventures de Largo Winch. (Largo Winch, introduction à la finance, d’Olivier Bossard. 25€)
Nouvelle série, nouveau héros, nouveaux auteurs BD, Mort et déterré des Québécois Jocelyn Boisvert et Pascal Colpron nous embarquent dans le monde des zombies en compagnie d’un ado, Yan Faucher, tué accidentellement par un dealer. Tué, enterré mais aussi vite déterré par son meilleur ami, notre zombie « cent pour cent réel » retourne promener sa mauvaise mine et son odeur de cadavre ambulant du côté de chez lui où depuis sa mort, la grande soeur tourne mal, la mère perd les pédales et le père, sa fierté. Bref, du boulot pour Yan bien décidé à ne pas laisser sa famille se consumer à petit feu. Zombiesque ! (Mort et déterré tome 1, de Boisvert et Colpron. 9,90€)
On connaissait l’humour au dessous de la ceinture, Delaf et Dubuc ont osé l’humour au niveau du nombril. 12 ans que ça dure et fait un carton auprès des ados. 8 albums, près de 2 millions d’exemplaires vendus, alors forcément ça donne des ailes et des idées comme cette série parallèle aux Nombrils. Elle s’appelle Les vacheries des Nombrils et permet aux auteurs de renouer avec l’esprit du tout début de la série, des gags en une page libérés du carcan parfois rigide d’une histoire en 50 pages. Le deuxième tome paru en cette rentrée nous permet de retrouver nos trois héroïnes délurées et leurs vacheries… (Les vacheries des Nombrils, de Dubuc et Delaf. 10,95€)
« Pour moi, c’est un des personnages de la série les plus riches et les plus vrais, en fin de compte.», confiait l’auteur Jose Luis Munuera à la sortie du premier tome. « Même si, au départ, il incarne un archétype, celui du savant mégalomane, celui du méchant des années cinquante, des James Bond des débuts, ce côté-là est contrebalancé par son profil de gaffeur impénitent, de crétin pitoyable qui essaie d’attirer l’attention du monde entier par ses inventions qui se révèlent de plus en plus ridicules ! À cause de, ou grâce à, ces contradictions, c’est un personnage qui détient un charme et un potentiel dramatique formidables! » Et ce personnage, vous l’aurez deviné, c’est Zorglub. Créé en 1959 par André Franquin pour le récit Z comme Zorglub de la série Spirou et Fantasio, Zorglub vit aujourd’hui ses propres aventures. Il revient dans un troisième tome surprenant où l’on croise un Elvis Presley et quelques autres stars mais surtout une charmante Lady Z qui pourrait lui faire tourner la tête… (Zorglub tome 3, de Munuera. 10,95€)
Inutile de présenter Lewis Trondheim à moins que vous reveniez d’un voyage intergalactique de plusieurs décennies. L’auteur, parmi les plus prolifiques de la planète BD, achève avec ce douzième tome intitulé Lâcher prise la saga fantastique moyenâgeuse Ralph Azam. Et si vous voulez connaître la fin, ne comptez pas sur moi pour vous la dévoiler, la seule chose que je peux vous dire, c’est qu’il y a effectivement du lâcher prise. (Ralph Azam tome 12, de Trondheim. 12,50€)
Aïe aïe aïe, les cavaliers de l’apocalypse, pardon de l’apocadispe, sont de retour et ça pourrait bien être le carnage général, y compris dans le peloton du Tour de France, oui oui, que ces trois garnements vont réduire à l’état de bouillie par leur maladresse légendaire. Mais bon, un peu de scotch et rien n’y paraîtra plus. Un deuxième tome aussi déglingué que le premier signé Libon qui avait précédemment, en compagnie de Sergio Salma, imaginé les aventures d’Animal lecteur. De quoi rester scotché ! (Les Cavaliers de l’apocadispe, de Libon. 12,50€)