21 Mai

Little Bird : de la SF dystopique et flamboyante boostée aux hallucinogènes, rencontre avec son dessinateur Ian Bertram

Little Bird est l’un des chocs visuels de ce printemps, une BD ouvertement influencée par des visionnaires comme Jean Giraud alias Moebius et toute la bande de déglingos du magazine ‘Métal Hurlant’, soit une science-fiction dédouanée de ses canons hollywoodiens pour mieux laisser éclater les couleurs mais aussi la violence…

Il faut dire que l’attelage à l’origine de ce roman graphique est inhabituel, entre le scénariste Darcy van Poelgeest et surtout le dessinateur new-yorkais Ian Bertram, formé à la School of Visual Arts et qui travaille à l’ancienne, au stylo d’un trait parfois intimiste, souvent épique et ensanglanté.

On parle ici de ‘dystopie’, c’est-à-dire d’un futur alternatif particulièrement effrayant et pourtant crédible, un futur où le continent nord-américain vit sous l’égide d’un gouvernement totalitaire et théocratique nommé le Vatican. Une résistance essaye pourtant tant bien que mal de se prendre en place. Son seul espoir ? Une petite fille de douze ans appelée ‘Little Bird’ (‘petit oiseau’) dont la famille est, sans qu’elle le sache, au cœur de toute cette tragédie. Un point de départ somme toute assez classique mais qui s’amuse assez rapidement à brouiller les pistes, impression amplifiée par une explosion de couleur et le trait très viscéral de Bertram où l’organique est trituré, hypertrophié et exposé avec une énergie sans cesse renouvelée.

Oui,Little Bird est parfois assez gore mais jamais d’une façon grossière ou gratuite. Pire, quitte à s‘attirer les foudres de ceux qui n’aiment pas ça, lorsque la violence s’y étale, c’est toujours d’une façon presque… Belle on oserait dire, en tous cas grandiose et toujours empreinte de cette mystique christique que l’on retrouve tout le long du récit. On a rencontré son dessinateur au début du mois de Mai dans la capitale, où il a passé quinze jours à « flâner et boire des cafés en terrasse en fumant des cigarettes comme un vrai parisien » mais aussi dessiner, vu qu’il ne se sépare jamais de son carnet de croquis et de ses crayons…

Olivier Badin

Little Bird de Ian Bertram, Darcy van Poelgeest et Matt Hollingsworth. Glénat. 22 euros