Avec Jean-C. Denis, l’aventure peut commencer au bout de la rue, parfois même sans bouger de chez soi, avec le quotidien pour horizon, l’intime pour décor. Dans ce nouveau livre publié chez Futuropolis, l’aventure se déroule sur un sentier, mais pas n’importe quel sentier, le sentier des douaniers qui généralement longe et même surplombe le littoral. Vous n’y verrez toutefois pas de douaniers, pas plus de brigands, juste un auteur de bande dessinée, Jean-C. Denis him-self, bloqué, pétrifié, par le vertige…
Un escalier trop pentu, un chemin escarpé longeant une falaise… Inutile d’aller au sommet de l’Himalaya pour se faire une petite frayeur. Avec Jean-C. Denis, la peur est au bout du sentier des douaniers qu’il emprunte pour rejoindre la plage. Pas de danger réel et immédiat mais une peur irrationnelle qui parvient à le clouer sur place. Ceux et celles qui sont sujet(te)s au vertige comprendront et compatiront.
« La peur des hauteurs, celle du vide, sont des phobies largement partagées… », explique l’auteur, « Chacun les vit à sa façon. Ce qu’elles remuent en nous est intime, unique, personnel, mais ressemble à s’y méprendre à ce qui paralyse les autres, c’est ce qui m’a donné l’envie d’avancer ». Et de finir cette bande dessinée qu’il avait interrompu en 2008 au bout de quatre planches. « Je suis resté bloqué, tout comme le personnage en haut de l’escalier. Comment aborder un sujet aussi familier et incertain ? »
Finalement, le créateur des aventures de Luc Leroi, de La Beauté à domicile ou encore de Quelques mois l’Amélie trouvera la bonne façon d’en parler, en rendant visible l’invisible et le personnel, universel. C’est ce qu’il a toujours fait Jean-C. Denis, que ce soit à travers ses fictions ou ses rares récits autobiographiques dont celui-ci fait partie. C’est le deuxième en fait. On y parle vertiges mais aussi bande dessinée, on y croise un Luke Leroy plongé dans l’Ouest américain, un Philippe Druillet escaladant des balcons en pleine nuit, et un Jean-C. Denis perché sur un rocher à 14 mètres de hauteur, prêt pour le premier… et sans doute le dernier plongeon de sa vie.
Eric Guillaud
Les Terreur des hauteurs, de Jean-C. Denis. Futuropolis. 21€